Le Nouveau Luxe by Michaud Yves

Le Nouveau Luxe by Michaud Yves

Auteur:Michaud,Yves [Michaud,Yves]
La langue: eng
Format: epub
Tags: essai
Éditeur: Stock
Publié: 2016-01-23T23:00:00+00:00


La recherche de la distinction et la poursuite de l’ornement correspondent au luxe d’ostentation, mais il serait naïf de penser que l’ostentation n’a pas à voir avec le plaisir – bien au contraire !

On veut se distinguer pour être quelqu’un, pour être reconnaissable et reconnu, que ce soit en raison de son nom, de son rang, de sa richesse, de ses manières, de ses vêtements, de son parfum, du nombre et de la catégorie de ses cartes de crédit, de sa voiture, de son goût, de ses amants ou maîtresses, etc. Tout un pan de la consommation du luxe démocratique de bas de gamme, sans oublier la contrefaçon qui doit être traitée comme une consommation de luxe même si c’est un ersatz, est lié à cette recherche d’identité. L’ado des cités avec son T-shirt de marque, l’employée de bureau avec son faux sac Vuitton veulent être reconnus. Comme dit l’un d’eux : « Si t’as pas de marques, les filles, elles te calculent pas. »

On n’oubliera pas dans cette recherche de la singularité la dimension sexuelle, celle sur laquelle insistait Darwin dans son étude des fonctions sexuelles de l’esthétique dans La Descendance de l’homme1 . L’ostentation attire les partenaires sexuels – qui se mettent à vous calculer…

Que les identités en question soient fabriquées, qu’elles soient souvent dérisoires, qu’elles se retrouvent au bout du compte dévaluées par tous ceux qui portent la même casquette Old England, les mêmes chaussures Nike ou le même polo Ralph Lauren ou Lacoste ne change rien à l’affaire. Les identités sont recherchées pour être quelqu’un, pour le plaisir de la reconnaissance.

Un plaisir de quelle sorte ? Difficile de le dire, mais chacun sait que c’est un plaisir, ne serait-ce que parce qu’il existe un test négatif qui ne trompe pas : la douleur de la non-reconnaissance, immédiatement associée au mépris. Ne pas être « quelqu’un », c’est n’être personne.

Pourquoi se distinguer encore ? Pas seulement pour être juste « quelqu’un », mais pour être un être singulier, reconnu dans cette singularité. Il faut combiner ici reconnaissance et identité. Telle est la fonction du luxe haut de gamme, celui que tout le monde ne peut pas se payer (même si l’on vend chaque année 900 000 Rolex ou 2 700 Rolls-Royce). Qui a fait l’expérience de comparer ses pieds, même correctement chaussés, avec ceux d’un personnage portant des chaussures Berluti sait ce que c’est qu’être (et ne pas être) quelqu’un… Dans le cas du luxe de consommation bas de gamme, c’est la customisation qui apporte la touche personnelle, qui personnalise ce que l’on retrouve galvaudé sur autrui. De là ces inventions qui transforment et détournent les objets en éléments d’un look personnel – et sont ensuite reprises et exploitées par les « créateurs » quand ils y saisissent une tendance.

S’il y a un plaisir à être reconnu et à être unique, ce plaisir grandit et enfle avec l’arrogance d’être au-dessus du lot ou du panier.

Tel est l’intérêt principal de l’ostentation : le sentiment d’une supériorité qui enivre.

Peu importent ici les jugements moraux sur la vanité de ce sentiment de supériorité.



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