Le docteur mystérieux i by Alexandre Dumas

Le docteur mystérieux i by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Le lendemain du jour où les questions d’Éva étaient devenues plus pressantes, le docteur résolut, coûte que coûte, de faire une démarche pour se renseigner.

Il envoya Scipion à Joseph ; Scipion avait un billet au cou. Jacques disait au braconnier :

« Demain, au point du jour, je serai chez vous avec mon fusil. J’ai besoin de gibier. »

Le lendemain, à six heures du matin, Jacques Mérey était à la cabane de Joseph.

On partit, on tira quelques coups de fusil, on tua un lièvre, deux faisans, trois ou quatre lapins, que Scipion, à qui ses nouveaux talents n’avaient rien fait perdre des anciens, rapporta tout joyeux.

L’heure du déjeuner arriva ; on s’assit sur l’herbe, et Jacques Mérey tira de son carnier du pain, des fruits, un morceau de jambon, une gourde de bon vin.

Lorsque quelques gorgées de cette liqueur à laquelle il goûtait si rarement eurent mis Joseph en belle humeur, Jacques entama avec le braconnier le chapitre d’Éva.

– Joseph, lui dit-il, il y a longtemps que tu n’es venu voir la petite.

Le braconnier haussa les épaules.

– Que voulez-vous ! dit-il, ça me retourne le cœur quand je la vois.

– Elle a beaucoup grandi et beaucoup embelli depuis quatre ans, mon cher Joseph, continua Jacques.

– Qu’importe, reprit Joseph, si elle ne parle pas ? Samuel Simon, le crétin de la rue de l’Écluse, lui aussi, parle : il dit papa, maman. À quoi ça l’avance-t-il ?

– Éva parle, et parle bien, je t’assure, Joseph ; elle est même très savante.

– Mais elle reste du matin au soir dans un fauteuil, comme Samuel Simon.

– Non, elle marche et elle court très légèrement.

– Ça me fait plaisir, ce que vous me dites là, monsieur Jacques ; car la pauvre petite, je m’y étais attaché, tout idiote qu’elle était, et je l’aimais comme si j’étais son père.

– Quoi que vous ne le fussiez point, n’est-ce pas, Joseph ?

Le braconnier changea de couleur ; il avait, malgré lui et sans y songer, laissé échapper son secret.

– Je crois que j’ai dit une grosse bêtise ! fit-il.

– En m’avouant que tu n’étais pas son père ? Il y avait longtemps que je le savais.

– Comment cela ? demanda naïvement le braconnier.

Jacques haussa les épaules :

– Espérais-tu me cacher quelque chose, à moi ? N’as-tu pas entendu dire de par la ville que je faisais des miracles, que je savais tout, comme le Bon Dieu ? Comment veux-tu que celui qui donne de l’esprit à la matière n’en ait point assez lui-même pour lever les voiles d’une intrigue et pour pénétrer un secret ? Entre nous, Joseph, je crains bien que ce secret ne soit sinon un crime tout à fait, du moins une abominable action.

– Comment cela, monsieur Jacques ?

– Les parents de la pauvre Éva auront voulu se débarrasser d’un être inerte et inutile, au lieu de se dire que la nature ne produit rien d’inutile et d’inerte, et de tâcher de faire ce que j’ai fait, c’est-à-dire de tailler la chair avec la science, comme le sculpteur taille le marbre avec son ciseau.



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