L'Avènement du roi by R. A. Salvatore

Auteur:R. A. Salvatore [Salvatore, R. A.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

12

IMPOSTURE

Des crocs. Rien que des crocs. Énormes, effilés, luisants, meurtriers. D’où s’échappait un grondement sourd. Des crocs qui pouvaient le tuer d’un seul coup, un grondement qui promettait de mettre la menace à exécution.

Au terme d’une éternité de panique, la victime se ressaisit juste assez pour prononcer un mot.

Un nom qui lui sauva la vie.

— Guenhwyvar ?

Les crocs reculèrent ; dans le champ de vision du halfelin-devenu-gobelin, la tête magnifique de la panthère apparut en entier. Si l’animal grondait toujours, il paraissait désormais plus étonné que menaçant.

Tout doucement, Régis voulut lever le bras pour dissiper l’illusion d’une chiquenaude à son béret. Vif comme l’éclair, le fauve lui plaqua le coude au sol d’un douloureux coup de patte.

— Guen, glissa-t-il d’une voix calme.

Le halfelin hoqueta. Un arc venait d’apparaître sous son nez – plus précisément, la pointe acérée d’une flèche encochée flottait juste devant son œil.

— Drizzt, c’est moi. C’est Régis, couina-t-il.

L’arc disparut, Guenhwyvar s’effaça. Sitôt son bras libéré, Régis dissipa l’enchantement en actionnant son béret. Il s’était toujours félicité de le savoir magiquement vissé sur sa tête, interdisant toute disparition accidentelle du déguisement. Ce qu’il venait de vivre chamboulait ses certitudes !

Alors qu’il cillait, le regard incertain, il reconnut la main tendue qui se proposait de l’aider à se relever. Il renonça cependant à s’arracher au sol, victime d’un accès de faiblesse qui l’obligea à se recroqueviller.

Le coup de patte de la panthère l’avait touché plus durement qu’escompté.

Penché sur lui, Drizzt l’étudia attentivement, l’air inquiet.

— Où as-tu mal ? demanda l’elfe noir.

— Au flanc et au dos, répondit le halfelin, qui voulut tâter l’endroit douloureux et s’étirer pour dissiper la raideur.

Le drow sortit une petite fiole de sa besace. Après avoir fait sauter le bouchon d’une chiquenaude, il porta la potion de soins – concoctée par Régis – aux lèvres de son ami.

Le liquide qui réchauffait la gorge du halfelin diffusa aussitôt ses vertus curatives dans tout son organisme. Il tendit la main à Drizzt et, cette fois, parvint à s’asseoir.

— Nous avons du pain sur la planche, énonça-t-il.

— J’en déduis que tu t’es infiltré chez l’ennemi ?

— Dans leur campement, confirma Régis. (Il extirpa la liasse de parchemins de son habit et la tendit à Drizzt.) Il ne s’agit pas d’une bande isolée, d’un groupe de chasse ou d’un simple raid. Bruenor a parlé de guerre ; on dirait bien qu’il nous a conduits droit dessus.

L’elfe noir étreignit la liasse. Il faisait trop nuit pour lire, et il n’était pas question d’allumer une torche en pleine nature.

— Viens, dit-il au halfelin en l’aidant à se relever. Allons retrouver nos amis.

— Pas encore, répondit Régis.

Encore un peu hésitant sur ses appuis, il se sentait mieux de seconde en seconde.

— Ils sont en route pour Nesmé, insista Drizzt.

— Les orques aussi, annonça Régis, la mine sombre. En assez grand nombre pour rayer la ville de la carte, même si nous prêtions main-forte à ses défenseurs.

Drizzt resta silencieux et contempla le petit espion plein de ressources.

— Suis-moi, dit Régis en réponse à ce regard intrigué.

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