L'Autre Affaire des Poisons by Ténor Arthur

L'Autre Affaire des Poisons by Ténor Arthur

Auteur:Ténor, Arthur [Ténor, Arthur]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse, Littérature française, Roman historique, + 10 ans
Éditeur: Seuil
Publié: 2012-07-31T22:00:00+00:00


15

Les Carabins

de la nuit

L’humeur n’étant plus au badinage, Prunelle souhaita qu’ils quittent la Ménagerie. Elle ajouta qu’elle ne devait pas prendre trop de retard sur son travail.

— Comment nommerez-vous votre petite société secrète ? demanda-t-elle, une fois de retour à l’extérieur.

— J’ai proposé les Carabins de la nuit, eu égard à l’uniforme noir d’étudiants de la Sorbonne que nous endosserons pour nos expéditions.

— Cela sonne bien. Et… (elle baissa les yeux) accepterez-vous les filles ?

— Malheureusement, je suppute que non.

— Vous supputez ?

— Je suppute fort, hélas !

— Et pourquoi une fille n’aurait-elle pas sa place parmi vous ?

— Personnellement, cela ne me gênerait point, mais… les autres.

— Je vois. Cela signifie que vous ne me ferez plus partager la part secrète de votre vie, et même que j’en serai rejetée, cela parce que je suis née fille et surtout… jardinière.

Disant cela, elle planta son regard d’azur dans celui du garçon, qui ne sut que répondre. Après quelques secondes d’un silence gêné, il annonça :

— Nous avons une réunion tout à l’heure, avant le dîner du roi, car nous devons parler des suites de mon enquête.

— Eh bien, allez, mon ami. Courez, et bonne chance.

Jean regarda la jeune fille, chagriné de lui avoir causé de la peine, en colère parce qu’il se sentait coupable, et désemparé car il se doutait bien qu’avec la naissance de cette société secrète, son amie serait désormais exclue des moments forts de sa vie. L’idée que leur complicité puisse en pâtir était d’autant plus douloureuse, et injuste, que l’adolescente tenait la première place, tant dans son cœur que dans son histoire personnelle depuis son entrée à l’école des pages. Il émit un profond soupir, puis se pencha sur Prunelle qui eut un mouvement de recul, croyant qu’il voulait l’embrasser. C’était seulement pour lui glisser un mot gentil à l’oreille, un mot qui une fois prononcé redonna à sa princesse des fleurs son si joli sourire. Il la gratifia quand même d’un furtif baiser avant de filer.

Rendez-vous avait été fixé au fond de la salle de l’auberge Royale, rue Sainte-Anne, où nombre de pages de la Grande Écurie avaient leurs habitudes. Chacun des cinq compagnons avait passé commande d’une pinte de cidre, qu’on venait de leur servir. Penchés sur leur table, tels d’authentiques comploteurs, ils s’apprêtaient à engager les conciliabules sur une idée évoquée la veille, mais Jean y coupa court en déclarant :

— Pas encore.

— Qu’est-ce qu’il y a ? s’inquiéta Michel de Teyssier.

— Trinquons d’abord ! À la ligue des Carabins de la nuit !

Ils cognèrent leurs chopes, puis courbèrent à nouveau le dos.

— Nous disions donc, la nuit dernière, que nous devions prendre le taureau par les cornes, reprit le jeune Toulousain à l’accent chantant.

— Encore un moment, s’il te plaît, l’interrompit à nouveau son condisciple. Rien ne presse. Je vais commander quelque chose à manger.

La nervosité de Jean était telle qu’elle inquiéta Camille d’Astignac.

— Je te trouve bien tendu. Serions-nous surveillés ?

— Non, non, ce n’est pas ça. C’est que… Ah, enfin



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