L'île du maudit - L'espoir est une terre lointaine* (French Edition) by Colleen McCullough

L'île du maudit - L'espoir est une terre lointaine* (French Edition) by Colleen McCullough

Auteur:Colleen McCullough [McCullough, Colleen]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Archipel
Publié: 2017-06-13T22:00:00+00:00


Richard, je viens de recevoir une lettre de ton père et je suis bouleversé par ces affreuses nouvelles. D’avoir trop abusé du rhum a dû me donner à penser que je t’avais écrit pour t’informer de mon projet de départ, mais cette lettre n’a pas été écrite ou s’est égarée. Je suis resté au loin depuis juin dernier : l’Italie m’appelait et je me suis précipité vers elle pour une étreinte éperdue. C’est une chance pour nous deux qu’à mon retour, il y a tout juste une semaine, j’aie pu relouer mon ancien appartement et trouver ainsi la lettre m’apprenant ton infortune.

J’ai toujours su que ta vie ne se déroulerait pas selon tes plans, tu t’en souviens ? Tu disais : « Je suis né à Bristol et je mourrai à Bristol. » Mais quand tu déclarais cela, William Henry sur tes genoux, je savais qu’il n’en serait pas ainsi. J’avais peur pour toi. Et moi, qui suis pourtant incapable d’amour, je t’aimais alors comme je t’aime maintenant. J’ignore pourquoi et comment, mais je perçois en toi quelque chose dont tu n’as pas conscience.

Je n’ai rien d’autre à dire à propos de William Henry, sinon que tu ne le retrouveras jamais. Il n’était pas fait pour cette terre mais, où qu’il se trouve maintenant, Richard, il est heureux et en paix. Ceux qui sont vraiment bons n’ont rien à faire ici-bas car ils n’ont rien à y apprendre. Même des athées comme moi parviennent à croire parfois que de telles choses arrivent : sinon, l’avenir serait encore pire. Sois heureux pour William Henry.

Richard reposa la lettre, les yeux noyés de larmes, ces larmes qu’il n’avait pas encore versées pour William Henry. Dans la salle commune, aucun prisonnier, pas plus que Lizzie Lock, ne chercha à s’approcher de lui tandis qu’il pleurait, assis sur son coffre. Comme c’était étrange que ce soit Jem Thistlethwaite qui ait rompu la digue et laissé enfin s’échapper librement ce torrent de chagrin… « Mais Thistlethwaite se trompait », pensa Richard. Un jour, William Henry reviendrait. Il n’avait pas quitté ce monde.

Il ne parla à personne et personne ne lui adressa la parole jusqu’au lendemain. À l’heure du dîner, il reprit la lettre de Thistlethwaite.



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