L’Infâme Trahison by Nick Kyme

Auteur:Nick Kyme
La langue: eng
Format: mobi, epub
Publié: 2018-10-12T14:02:51+00:00

vingt

Un Bien Funeste Héraut

En observant le combat se dérouler, Snorri perçut mieux les différences tactiques entre nains et elfes. Malgré son dédain explicite à l’égard des derniers, il étudiait toujours attentivement leur manière de guerroyer, en tout cas le peu qu’il avait pu en observer, en ces temps de paix. Salendor illustrait leurs méthodes d’une manière pour le moins étrange.

Il combattait plus comme un danseur que comme un guerrier, mais avec une pointe de brutalité qui faisait défaut à la plupart des elfes. La concentration figeait son visage, semblable à un masque impénétrable. Sans trahir la moindre faiblesse, ni dévoiler ses intentions. Chaque fente était mesurée et dissimulée, aussi vive que du vif-argent, et aussi dangereuse et puissante qu’un coup de lance.

Devant un tel assaut, les rangs des gobelins se disloquaient. Les têtes, les membres et les torses pleuvaient autour de lui, telle une épouvantable averse de sang et de viscères. Il serpentait autour des corps, sans jamais ralentir, se déplaçant constamment. Aucune lame ne parvenait à l’effleurer. Les gourdins que les gobelins maniaient dans leurs mains graisseuses ne pouvaient l’approcher. Il était semblable à une rafale acérée lacérant la horde ; là où il soufflait, dans son sillage ne restait que la mort.

Alors qu’Imladrik exécutait des fentes précises, comme tout bon maître d’armes, Salendor préférait improviser, sortir des schémas éculés et déchaîner une telle furie que nombre de gobelins fuyaient en le voyant approcher.

Le nain des collines offrait un spectacle bien différent. Il démolissait les rangs des gobelins, tel un bélier, encaissait les coups grâce à son armure, et arborait les petites entailles que lui prodiguaient les peaux-vertes comme des médailles. Il utilisait non seulement sa hache, mais aussi ses coudes, son front, ses genoux et ses poings. Rundin lui faisait penser à un pugiliste traversant à gué le dense flot de gobelins. Il semblait dénué de peur, et sa hache, dans un mouvement de balancier, tranchait les gobelins. Sans jamais fléchir, il effondrait leurs rangs en cadence, massacrait les peaux-vertes avec une régularité de métronome. Tandis que l’elfe proportionnait son effort à sa cible, le nain des collines donnait tout à chaque offensive. Son endurance était incroyable.

Snorri avait entendu dire que Rundin, fils de Norgil, n’était pas un poseur. Pourtant, voyant un gobelin s’enfuir, il lança sa hache, qui virevolta puis lui fracassa le crâne, juste pour se faire aduler par la foule. Il y prenait du plaisir et Snorri suspectait que Grum lui avait intimé de distraire les dawis en se donnant en spectacle. Ce lancer le rendit vulnérable, il utilisa le gantelet allongé de sa main gauche pour parer, puis pour matraquer, jusqu’à ce qu’il pût récupérer sa hache et se remettre à occire.

En observant cette astuce du gantelet, Snorri pensa au sien, ouvragé avec grand soin. Par contrecoup, cela lui rappela la douleur ressentie lorsque les rats l’avaient mordu, dans les ruines de Karak Krum, ainsi que la prophétie de Ranuld Pouce-Argent. Le souvenir le fit grimacer et il se demanda comment, en se contentant de regarder les autres se battre, il était censé accomplir sa destinée.

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