La villa aux étoffes T6 : Les adieux à la villa aux étoffes by Anne Jacobs

Auteur:Anne Jacobs [Anne Jacobs]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance Historique
Éditeur: Charleston
Publié: 2023-05-24T00:00:00+00:00

23

Deux jours plus tard

— Ç’aurait pu être pire, dit Fanny Brunnenmayer. On est en vie et on a un toit au-dessus de la tête. Tout le monde n’a pas cette chance.

Debout devant le fourneau, elle remuait le contenu d’une grande marmite où l’on ne trouvait, en dehors de pommes de terre et de trois gros oignons, que quelques haricots en conserve. Il n’y avait plus ni viande ni lard. Et il faudrait se contenter des trois cubes de bouillon restants.

— Tout de même, gémit Else. L’annexe a été complètement détruite. Mme Elisabeth, elle a même plus de quoi se vêtir. Aujourd’hui, ils ont retrouvé son coffret à bijoux. Tout avait fondu…

— Vaut mieux ça que d’y avoir laissé la vie, répliqua la cuisinière.

Épuisée par sa longue station debout, elle s’assit sur la chaise qui lui était réservée.

On ne connaissait pas encore le nombre de victimes de cette nuit cauchemardesque. Des milliers de gens se retrouvaient sans logement, et les hôpitaux étaient saturés. D’innombrables citadins avaient rassemblé leurs affaires et quitté la ville pour se réfugier à la campagne, espérant y être à l’abri des attaques aériennes. Les paysans et villageois des environs allaient devoir les accueillir bon gré mal gré.

Les résidents de la villa aux étoffes avaient été relativement épargnés, dans la mesure où seul le bâtiment annexe avait été détruit. Le feu n’en avait pas moins causé des dégâts au toit du corps principal. La partie qui surmontait le séchoir avait été endommagée, mais les chambres des domestiques étaient demeurées intactes. Il avait fallu une journée pour venir à bout de l’incendie. À présent, on fouillait prudemment les décombres à la recherche de ce dont on pouvait encore se servir. Il apparut cependant très vite que tout ou presque était perdu, la charpente en feu ayant entraîné les plafonds dans sa chute.

Par chance, si l’on peut dire, les engins explosifs tombés dans le parc avaient brisé la glace du bassin d’extinction, si bien qu’on avait eu de l’eau pour éteindre le feu. Tous avaient rempli des seaux et des cuvettes et lutté contre les flammes. Paul et Hilde Haller, arrivés plus tard, s’étaient joints aux opérations de sauvetage du bâtiment. Cependant, seule l’intervention des pompiers avait permis au matin de maîtriser l’incendie. De ce fait, le bâtiment principal avait été préservé de la destruction. Par ailleurs, personne n’avait été sérieusement blessé. Mlle Haller avait cependant dû s’aliter après avoir pris froid durant cette nuit éprouvante.

On était désormais très à l’étroit à la villa, car Kitty était venue s’y installer avec sa belle-mère et Henni, leur maison ayant été bombardée. On éprouvait de vives inquiétudes pour Robert, qui avait fait une chute dans un trou alors qu’il aidait à lutter contre le feu. Il se trouvait pour l’heure à l’hôpital central de la ville.

Par chance, on avait conservé les vieux châlits autrefois remisés au grenier par Alicia. Paul, qui avait laissé sa chambre à Lisa et Charlotte, avait été placé dans la buanderie. On avait attribué la chambre de Dodo à Gertie et son fils.

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