La tourmente by Sorokine Vladimir

La tourmente by Sorokine Vladimir

Auteur:Sorokine, Vladimir [Sorokine, Vladimir]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-03-12T16:40:32+00:00


Le médecin ouvrit les yeux. Il se débattait entre les bras de deux servantes. Son corps était tordu de convulsions, comme dans une crise d’épilepsie. Près de lui, saisis de convulsions, eux aussi, les trois vitaminovampires. Les jeunes filles, avec d’infinies précautions, tentaient de les maîtriser. Les quatre hommes commencèrent peu à peu à reprendre leurs esprits.

Les jeunes Kazakhes leur épongeaient le visage, les caressaient et leur murmuraient, dans leur langue, des paroles consolatrices.

« Une supercame ! lâcha Ceçouar, apaisé, en buvant une gorgée d’eau.

— Neuf sur dix !… bafouilla Ondira, essuyant sa face en sueur et reniflant : Neuf et demi, même. »

Kouch-Kouch Dodo ne dit rien, se contentant de secouer sa tête aussi ronde qu’un melon et de frotter les fentes étroites de ses yeux.

Revenu à lui, le docteur demeura, de longues minutes, plongé dans l’hébétude. Son pince-nez ballottait sur sa poitrine, son nez semblait s’être encore allongé, suspendu, imposant, au-dessus de ses lèvres. Platon Ilitch se leva brusquement, il se signa d’un geste large et lança d’une voix forte :

« Gloire à Toi, Seigneur ! »

Aussitôt, il fondit en larmes, tel un enfant, tomba à genoux, le visage dans les mains. Deux servantes s’approchèrent et l’étreignirent. Mais Ceçouar les arrêta d’un geste et elles s’écartèrent.

Ayant sangloté tout son saoul, le médecin prit son mouchoir, se moucha dans un bruit de trompette, sécha ses yeux, rechaussa son pince-nez et, se levant :

« Quel bonheur d’être en vie ! »

Il éclata brusquement de rire, leva les bras, secoua la tête. Il fut bientôt plié en deux. Il riait, riait jusqu’à l’hystérie.

Les vitaminovampires l’imitèrent. À leur tour, ils furent pris d’un fou-rire, à en tomber de leurs sièges, à s’effondrer dans les bras des servantes. Ils s’interrompaient parfois, pour peu de temps : ils semblaient alors se calmer, opinaient du bonnet, puis se retrouvaient, une fois de plus, secoués de hoquets. La crise fut particulièrement douloureuse pour le docteur : il venait de tester la nouvelle came en forme de pyramide et se tordait sur le sol de feutre, glapissait, sanglotait, postillonnait, levait les bras au ciel, gémissait d’épuisement, branlait du chef, menaçait du doigt Dieu savait qui, poussait des « oh ! » plaintifs, psalmodiait et hurlait de rire, encore et encore. Il avait, à présent, un nez rouge d’ivrogne, le sang avait afflué à ses joues tremblotantes.

Ceçouar adressa un signe à l’une des jeunes filles qui aspergea d’eau le visage empourpré du visiteur.

Ce dernier se calma peu à peu, étendu sur le dos, hoquetant. Lorsqu’il eut repris haleine, il se mit sur son séant. La jeune fille lui redonna de l’eau. Il la but d’un trait, souffla un bon coup, ressortit son mouchoir, se moucha à nouveau, s’épongea le visage. Puis, la mine grave, fixant les vitaminovampires attablés :

« Grandiose ! »

Ils acquiescèrent, l’air de comprendre.

« Elle est à combien ? s’enquit le médecin qui se releva et remit de l’ordre dans ses vêtements.

— Dix la pièce.

— J’en prends une couple. »

Il fouilla dans sa poche en quête



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