La soumise by Marabout

Auteur:Marabout
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Marabout

21

Assise en face de moi, Linda ne se doutait pas de ce que son neveu était en train de faire à mon genou.

— Abby, dit-elle, j’aimerais beaucoup vous inviter à déjeuner. Je serai très prise la semaine prochaine. Le mercredi de la suivante vous conviendrait-il ?

Les caresses se poursuivaient sur ma jambe.

— Non, ce ne sera pas possible, répondis-je. C’est le jour où l’un de nos usagers vient travailler à la réserve des livres rares et comme le règlement nous impose d’escorter les chercheurs, c’est moi qui m’y colle.

Nathaniel gloussa en douce.

— Ce doit être assommant, commenta Linda. Mais bon, c’est sans doute ce qu’on appelle le service client.

— Cela ne me dérange pas, c’est rafraîchissant de rencontrer quelqu’un d’aussi assidu.

La main s’aventura un peu plus bas puis effleura la peau sensible à l’arrière du genou.

— Est-ce que mardi vous irait ? Il ne vient pas ce jour-là, j’espère ?

Pas encore.

— Mardi, c’est parfait.

— Très bien, prenons date alors.

La discussion se poursuivit à bâtons rompus. À un moment donné, Nathaniel et Todd se mirent à parler politique. Elaina me regarda puis leva les yeux au ciel. Une conversation ordinaire au cours d’un dîner mondain. Rien que de très normal.

Au-dessus de la table, en tout cas.

Il fallait le reconnaître, Nathaniel était un maître en matière de dissimulation. Il s’occupait de mon genou pendant quelques minutes, puis passait le pain à Félicia ou découpait sa salade, ce qui nécessitait ses dix doigts. Un peu plus tard, sans crier gare, sa main était de retour, caressant, pétrissant, remontant lentement plus haut avant de se volatiliser.

J’avais les nerfs à vif.

J’avalai une cuillerée de bisque de homard. Nathaniel avait raison. Le potage était délicieux. Crémeux à souhait, avec juste ce qu’il fallait de morceaux de chair. Je croisai machinalement les jambes. Lorsque la main baladeuse revint, elle écarta mes cuisses et reprit ses caresses. Beaucoup plus haut, cette fois.

Homard, me dis-je. Pense à un homard.

Les homards étaient des créatures vivant dans l’océan, dotées de pinces énormes qu’il fallait attacher avec des élastiques. Ils viraient au rouge lorsqu’on les jetait dans l’eau bouillante.

La pensée que je vais faire virer au rouge votre joli derrière vous excite ?

Je faillis m’étrangler avec une cuillerée de bisque.

Par bonheur, les mains de Nathaniel étaient toutes deux posées à plat sur la table. Il me tapota le dos.

— Ça va ?

— Oui, j’ai avalé de travers, excusez-moi.

Le serveur débarrassa les bols et les assiettes. Tout le monde riait, engagé dans une conversation animée.

Nathaniel me resservit du vin, puis se mit à me caresser la cuisse à travers ma robe.

— Et que lisez-vous, hormis la poésie ?

Voilà qu’il s’intéressait à mes goûts littéraires à présent.

— Un peu de tout, répondis-je, curieuse de savoir où cette conversation nous mènerait. Avec une préférence pour les classiques.

— Un classique est quelque chose que tout le monde voudrait avoir lu et que personne ne veut lire, dixit Mark Twain.

Sur quel terrain dangereux cherchait-il à m’entraîner ? M’asticoter par des câlins aguicheurs était une chose, mais me provoquer dans des joutes verbales, surtout littéraires, en était une autre.

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