La saga Gucci by Cassati Sandro

Auteur:Cassati Sandro
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: City Edition
Publié: 2021-11-15T12:16:50+00:00

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Maurizio président

Le 27 mai 1989, le conseil d’administration de Gucci intronisa Maurizio Gucci comme président du groupe. Pour ce dernier, le rêve était devenu réalité. Grâce à son rapprochement avec Investcorp, il avait désormais les mains totalement libres pour asseoir sa vision et ses orientations. Débarrassé des cousins gênants et de l’ombre paternaliste de son oncle, Maurizio se sentait pousser des ailes. Il avait la sensation d’être enfin roi en son royaume et prit le parti d’accélérer la mue de Gucci à toute vitesse.

L’une des qualités premières du tout-puissant patron de la firme était de savoir s’entourer. La ligne de crédits offerte par Investcorp lui permettait de s’adjoindre les services des meilleurs dans tous les domaines. Il fallait qu’à tous les étages de la fusée, les compétences soient énormes et les motivations, indestructibles. Bien avant le rachat, Maurizio lorgnait l’une des femmes les plus puissantes du monde des affaires, l’Américaine Dawn Mello. Le seul hic – et il était de taille – était que Mello n’était absolument pas disponible. En effet, elle présidait la célèbre chaîne de magasins de luxe Bergdorf Goodman depuis un peu plus de cinq ans. Toutes les approches de Gucci se soldèrent par des échecs mais la cour de Maurizio était si insistante que Mello finit par accepter un rendez-vous.

Diplômée de la Modern School of Fashion and Design de Boston, Dawn était une vraie passionnée de mode et de luxe depuis des décennies. Dans les années 1950, elle avait été l’assistante personnelle de Betty Dorso, journaliste star du magazine Glamour, puis était devenue vice-présidente du May Department Store Company avant d’épouser le PDG de cette société. Reine de la mode new-yorkaise, Mello avait un don incroyable pour sentir les tendances, pour les anticiper. Son œil aiguisé faisait fureur partout où elle passait et on lui reconnaissait un savoir-faire sur les cinq continents. Sans jamais se départir de son humour et de sa bienveillance, Mello avait su développer des techniques de vente et de gestion offensives. Elle mettait la pression sur bon nombre de détaillants avec qui elle travaillait, exigeait de ses fournisseurs une quasi-exclusivité et des délais de livraison express. Personne, que ce soit sur la côte est, la côte ouest ou en Europe, n’osait dire non à Mme Mello, une sommité dans son domaine.

Lorsqu’arriva l’heure du déjeuner avec Dawn, Maurizio était tout tremblant. Lui d’habitude si placide, si stoïque, était très excité à l’idée de rencontrer une légende vivante de la mode. Il avait préparé son argumentaire, rodé son discours et tenté d’anticiper toutes les questions de Mello. Quand la vénérable dirigeante prit place devant lui, il essaya de masquer son trac. Il ne fallait pas se rater. Pas là, pas maintenant, pas avec elle. L’enjeu était trop important. Après avoir passé commande auprès d’un serveur un peu lunaire, Maurizio déroula sa proposition.

— Mon ambition, madame Mello, n’est pas de faire mieux ou de faire plus. Mon ambition est un rêve, une espérance. Je veux que Gucci fasse rêver les gens à nouveau, que notre marque soit le symbole d’un possible, d’une élégance unique.

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