La Revanche de la nature by Caron Aymeric

Auteur:Caron Aymeric
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2020-05-27T11:54:29+00:00

Coopérer, et non combattre

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Jour 16, mercredi 1er avril

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371 morts en Ehpad depuis le 1er mars

56 989 cas sévères recensés en France

L’écrivain Douglas Kennedy, dont Les Désarrois de Ned Allen demeurent un réjouissant souvenir de lecture, exprime son inquiétude dans une longue tribune traduite aujourd’hui par Le Monde. Confiné dans une confortable maison du Maine avec sa fille de 23 ans et le petit ami de celle-ci, l’auteur avait cessé de regarder la télévision, qui, « comme la roue du hamster, ne vous mène nulle part ». Puis un ami l’a appelé de New York en insistant pour que, tout de même, il allume CNN. Le président Trump était en train de se livrer à l’un de ses numéros surréalistes.

Un copain, journaliste de renom très présent sur les plateaux télé, a tenté de m’expliquer le plus sérieusement du monde il y a quelques mois la grande intelligence de l’actuel président des États-Unis. Je me demande encore s’il ne se foutait pas de moi. Donald Trump incarne à mes yeux l’impensable devenu réalité. Il est le héros abruti et vulgaire d’une comédie de Dino Risi ou de Sacha Baron Cohen, il est un sketch du Saturday Night Live, il est un personnage de comics – un ennemi de Spiderman par exemple –, mais il ne peut être vrai dans un monde raisonnable. Je ne m’habitue toujours pas à le voir filmé dans le bureau ovale ou derrière le pupitre présidentiel.

Me voici donc rassuré de lire sous la plume de Douglas Kennedy une répulsion équivalente : « Et là, sur CNN [reprenant Fox News], pérorait ce bonimenteur de promoteur immobilier reconverti en star de la téléréalité puis en chef nominal du prétendu monde libre. En l’occurrence, on aurait dit un animateur de jeu télévisé très mal maquillé et encore plus mal perruqué38. » La scène se déroulait le 25 mars, il y a donc une semaine. Alors que la pandémie de coronavirus ne cessait de progresser dans des États-Unis soumis eux aussi à des mesures de confinement, Trump annonçait soudainement souhaiter que les gens retournent au travail pour Pâques, soit le 12 avril : « Est-ce que ce ne serait pas génial d’avoir toutes les églises pleines ? Des églises pleines dans tout le pays ? » avait-il expulsé de sa bouche cernée de fond de teint orange39. Douglas Kennedy pointe dans son texte l’inconséquence de tels propos, prononcés le jour même où le gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo, alertait sur l’imminence d’une catastrophe sanitaire pour la ville. L’élu déplorait l’insuffisance des moyens pour y faire face : 7 000 respirateurs artificiels promis par le gouvernement fédéral alors qu’il en manquait 30 000, et 3,8 milliards de dollars affectés à New York par le plan d’urgence du Sénat alors qu’il en aurait fallu quatre fois plus. Trump souhaitait simplement faire plaisir aux chrétiens blancs évangéliques qui ont voté pour lui massivement il y a quatre ans. Il est comme ça.

Dans la suite de son article, Douglas Kennedy livre une analyse très pessimiste de l’après-coronavirus.

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