La part du Colibri by Pierre Rabhi

La part du Colibri by Pierre Rabhi

Auteur:Pierre Rabhi
La langue: eng
Format: epub
Publié: 2013-11-14T05:00:00+00:00


L’AGROÉCOLOGIE COMME ALTERNATIVE

Devenu sans l’avoir recherché un homme public, je suis identifié comme écologiste, expert international en agroécologie. Grâce à cette discipline, j’ai pu, depuis plusieurs décennies, m’impliquer concrètement dans l’urgence de réconcilier et de concilier l’histoire humaine avec les fondements naturels dans lesquels elle s’inscrit irrévocablement. Nul ne peut nier aujourd’hui que ces deux réalités sont plus que jamais divergentes et antagonistes. En l’occurrence, la nature, même profondément meurtrie par l’humain comme elle l’est et peut l’être encore davantage, saura panser ses plaies et poursuivre le puissant processus commencé il y a des milliards d’années. Par contre, l’humain, par ses innombrables transgressions des règles établies par l’intelligence de la vie, risque d’être mis à mal, voire éradiqué. Il n’est pas vrai que nous dominions la nature et tant que ce mythe persistera, il nous maintiendra dans une illusion mortelle. La preuve que la nature reste maîtresse du jeu, c’est qu’elle nous applique ses règles draconiennes réservées à tout organisme vivant, à savoir la naissance, l’épanouissement, le déclin et la mort. Etre riche et puissant ne change rien à la chose. Le monde microbien et viral, pour ne citer que cet aspect d’une réalité extrêmement complexe, peut nous réserver des surprises et mettre en échec toutes nos parades.

Quant aux grandes manifestations dues au changement climatique et autres bouleversements déjà à l’oeuvre, nous en pressentons également les effets dévastateurs. L’humilité tient donc bien du réalisme et prendre en compte, pour organiser notre existence, les règles qui régissent la vie est une preuve de lucidité et d’intelligence. Je suis par exemple souvent stupéfait par l’ignorance du citoyen à l’égard de la terre à laquelle il doit sa survie alimentaire. Cette ignorance affecte la quasi-totalité de la société, y compris les intellectuels et même de nombreux scientifiques. La cité urbaine a pris la configuration d’une enclave minérale qui ne cesse de miter l’espace naturel par son extension. Cette enclave confinée constitue un système hors-sol appliqué à l’humain. Est-ce à cause du mépris dont la terre et les paysans ont été historiquement l’objet? Dans tous les cas, la rupture entre le citadin et la nature vivante induit un comportement et même une pensée conformés par la structure urbaine et donc souvent fort étroits. Cependant, les habitants de la cité ont besoin, pour survivre, des biens de la terre. La ville engloutit des masses considérables de matière vitale sans contribuer à la produire. Même vaste, la cité n’offre à ses habitants qu’un espace exigu, un microcosme où ils survivent en consommant des biens «virtuels» puisqu’ils n’en connaissent pas la provenance, la « traçabilité » comme on dit. Il n’est donc pas étonnant que l’absence de la terre nourricière et de la nature génère une rupture psychique que chiens, chats, hamsters, poissons rouges et pots de géranium ne peuvent réduire.

Même la culture, qui est une expression omniprésente dans toute créativité humaine, aussi humble soit-elle, est réduite à ce qu’on appelle la création de l’esprit: littérature, peinture, théâtre, cinéma... marchandisages. L’industrie du divertissement consommable prend un essor



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