La Onzieme heure by Martin Lings

Auteur:Martin Lings [Lings, Martin]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

[Table]

CHAPITRE VI

CELUI QUI RÉTABLIRA

II n’est pas donné à l’homme de prédire l’avenir avec une entière clarté — sinon les prophéties ne seraient ni voilées ni ambiguës. Mais il a le droit d’interroger le futur avec humilité, donc avec la conscience de ses limites dans ce domaine — sinon la Providence lui aurait nié ce droit et se serait abstenue elle-même de prophétiser. D’ailleurs, dans certains cas, en raison du poids et de l’universalité des prédictions, une conviction parfaitement ferme est légitime, et même, on peut l’affirmer, voulue par le Ciel. Et ainsi en va-t-il par exemple de l’idée d’une dévastation mondiale imminente, non totale, mais néanmoins de proportions cataclysmiques, et en outre non finale puisqu’elle doit arriver « avant la fin », quoiqu’il y ait de bonnes raisons d’être convaincu que « la fin » même ne peut en être éloignée.

Les prédictions ne laissent aucun doute sur les causes d’une telle intervention divine ; et nous en avons dit assez pour montrer qu’une grande partie de l’humanité a maintenant atteint un comble d’erreur au-delà duquel il sera difficile d’aller. Mais il n’y a aucun risque que l’erreur devienne jamais universelle car le macrocosme, pris dans sa totalité, est sacré. Comme tout ce qui est relatif, il ne peut que reconnaître sa relativité en face de l’Absolu, ce qu’il fait en subissant un ge Sombre, donc en vieillissant. Mais il n’est pas concevable qu’il puisse jamais être abandonné du Ciel. Comme le vrai microcosme, le macrocosme est une norme, et comme tel il a ses droits, parmi lesquels celui d’être protégé contre les erreurs de l’homme ; et l’espèce humaine, qui, en tant qu’espèce, peut être considérée comme un macrocosme, a le droit d’être protégée contre ceux des humains qui, en refusant de se conformer au rôle assigné à l’homme, ont rejeté par là même leur humanité.

De toutes les communautés traditionnelles encore actuellement plus ou moins vivantes, c’est probablement les Indiens d’Amérique qui sont, grâce à leur mode de vie ancestral, les plus sensibles à la sainteté du macrocosme. C’est pourquoi ils voient cette vaste destruction, qu’ils pensent imminente eux aussi, sous un angle purement positif, comme un acte divin de normalisation qui fera table rase de toutes les constructions par lesquelles l’homme a défiguré et désacralisé la face vénérable de la terre, — d’où l’expression de Jour de la Purification qui désigne chez eux cet événement, attendu depuis longtemps. Dans l’Islam, l’événement est également prédit, et dans des termes que les Indiens trouveraient rassurants. Ceci ne doit pas nous surprendre, puisqu’en dépit des nombreuses différences entre ces deux perspectives, l’Islam est toujours resté profondément conscient de ses origines nomades. Il a en outre un double droit à sa prétention à la primordialité, l’un rétrospectif, en tant que retour à la religion préjudaïque d’Abraham, et l’autre prospectif, en vertu de sa place au seuil du nouvel ge primordial. Le Coran déclare expressément qu’avant la fin toutes les villes seront soit totalement détruites, soit durement châtiées[117] ; et on peut présumer que

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