[La mallorée 4] la sorciere de darshiva by David Eddings

[La mallorée 4] la sorciere de darshiva by David Eddings

Auteur:David Eddings [Eddings, David]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Publié: 1989-01-12T23:00:00+00:00


CHAPITRE 12

Vella avait le spleen. C’était une émotion nouvelle pour elle, mais pas déplaisante en fin de compte. Il y aurait eu beaucoup à dire sur cette douce tristesse voluptueuse qu’elle promenait avec une calme dignité dans les somptueux corridors de marbre du palais de Boktor et devant quoi tout un chacun s’inclinait avec respect. Elle écarta d’emblée l’hypothèse selon laquelle ses dagues y eussent été pour quelque chose. En fait, il y avait près d’une semaine maintenant qu’elle n’avait transformé personne en pelote à épingles. Sa dernière victime était un serviteur d’une excessive familiarité qui s’était mépris sur sa camaraderie un peu bourrue et y avait vu une invitation à nouer avec elle des relations plus étroites. De toute façon, elle l’avait à peine égratigné, et puis il lui avait sûrement pardonné avant que ses plaies se fussent refermées.

Elle se rendait, ce matin-là, chez la reine de Drasnie. Cette Porenn la bluffait complètement, pour des tas de raisons. Elle était haute comme trois pommes, elle n’avait pas de dagues et elle élevait rarement la voix, mais elle jouissait d’une considération sans bornes, en Drasnie et dans les autres royaumes d’Alorie. Elle avait réussi à convaincre Vella de se pavaner tous les jours en robe de satin lavande. Une robe était une chose malcommode qui s’entortillait dans vos jambes et vous serrait la poitrine. Vella avait toujours préféré les pantalons, les vestes et les bottes de cuir noir – tenue confortable, pratique, pas fragile et qui mettait ses avantages en valeur, chose utile quand on voulait en mettre plein la vue à quelqu’un. Il lui arrivait, en certaines occasions, de revêtir un manteau de laine facile à enlever et une robe de dessous en soie malloréenne de couleur rose, qui lui collait à la peau quand elle dansait. Cela dit, force lui était de reconnaître que, si le satin faisait un bruit agaçant, il était doux à porter et lui donnait l’impression dérangeante qu’être une femme, ça ne consistait pas seulement à se promener avec des dagues et à se tenir toujours prête à s’en servir.

Elle frappa doucement à la porte de Porenn.

— Oui ? fit la voix de la petite reine.

Cette femme ne dormait donc jamais ?

— C’est moi, Porenn — Vella.

— Entrez, mon enfant.

Vella serra les dents. Il y avait belle lurette qu’elle n’était plus une enfant. Elle voyait du pays depuis son douzième anniversaire. Elle avait été vendue – et achetée – six fois au moins, et elle avait été mariée pendant une courte et délirante année de bonheur à un trappeur nadrak nommé Tekk qu’elle avait aimé à la folie. Mais Porenn semblait ne voir en elle qu’une pouliche à moitié sauvage qui avait besoin d’un sérieux dressage. À cette pensée, Vella sentait fondre tout ressentiment. Curieusement, la petite reine de Drasnie avait un peu remplacé la mère qu’elle n’avait jamais eue, et ses idées de dagues, de se vendre et d’être achetée s’estompaient sous l’influence de cette voix douce et sage.

— Bonjour, Vella, fit Porenn en la voyant entrer.



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