La maison du Mesnil (ou : Cyrille) by Maurice Genevoix

La maison du Mesnil (ou : Cyrille) by Maurice Genevoix

Auteur:Maurice Genevoix [Genevoix, Maurice]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2020061422
Éditeur: Seuil


II

L’asile de vieillards était une bâtisse carrée, toute blanche, couverte d’ardoises. Au faîte du toit un campanile pointait vers le ciel et laissait voir une cloche entre ses montants à claire-voie. La bâtisse n’avait qu’un étage, mais les pièces y étaient si hautes que sa masse dominait les maisons d’alentour, et que de très loin dans le val on apercevait sa blancheur, ses grandes fenêtres et son clocheton.

Lorsqu’on entrait, les pas sonnaient sur le dallage du vestibule, se répercutaient jusqu’aux combles par une cage d’escalier immense. Le vide des salles amplifiait encore les bruits : quand une souris trottait dans le grenier, faisait rouler une coquille de noix, quand la girouette grinçait sur la flèche du campanile, toute la maison en retentissait.

Le rez-de-chaussée, outre le bureau de Mme Guindollet, la salle à manger des payants, la lingerie et les bains-douches, comportait une cuisine gigantesque éclairée au midi par trois baies. C’était là, sur une table rectangulaire recouverte d’une toile cirée, que Mme Guindollet prenait ses repas l’hiver, en compagnie des deux bonnes de l’asile, de Garaude et de Rigaudias. Seule Mlle d’Arvouet se faisait servir dans sa chambre, moyennant un léger supplément de pension.

Les réfectoires des indigents, celui des hommes et celui des femmes, faisaient un retour vers le midi, à angle droit avec le bâtiment principal. Une esplanade de terre battue, élargie par une charmille où se rangeaient quelques bancs de bois, aplanissait la pente du coteau et dominait le jardin potager. De la charmille on voyait devant soi, par-delà un parc clos de murs, la Loire plate qui brillait dans une lumière toujours un peu voilée. Les vieux venaient là volontiers, cherchant l’hiver le soleil de midi, l’été l’ombre des arbres, et bavardant des heures durant.

Il y avait, au premier étage, quatre dortoirs semblables entre eux, aux murs chaulés d’un enduit gris bleuté. Deux seulement étaient occupés. Et au-dessus c’était le grenier, très haut de comble et presque vide, craquant de chaleur aux beaux jours, ou frémissant de tous ses chevrons quand soufflait le fort vent du val.

Le pavillon, de construction récente, s’élevait au bout de la charmille, vers l’est, et surplombait comme elle le potager : de ses fenêtres aux volets réséda, on voyait pareillement le grand parc et la Loire. Il comprenait en tout quatre chambres, deux en bas, deux à l’étage. Un étroit vestibule à dallage rouge et blanc séparait les chambres du bas.

Cyrille occupait celle de gauche. Au-dessus de lui, Mlle d’Arvouet se confinait chez elle, lisant, s’obstinant à broder autant que le lui permettait sa vue basse, ou peignant à l’aquarelle de petits paysages poétiques, avec des saules pleureurs et des cygnes. L’autre chambre du rez-de-chaussée était celle de Rigaudias, presque toujours dehors, mais qu’on entendait chantonner aussi longtemps qu’il était chez lui. Garaude logeait au-dessus de Rigaudias.

Cyrille avait accroché devant son lit la photographie de sa femme et le grand portrait de Marcelin. C’était là le seul ornement des murs, tapissés d’un papier brunâtre à roses jaunes. Mais il avait placé sur



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