La maison de soie by Anthony Horowitz

Auteur:Anthony Horowitz [Horowitz, Anthony]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policer
Publié: 2011-01-13T23:00:00+00:00

XII

LA PREUVE DANS L’AFFAIRE

Je n’avais encore jamais assisté à une séance du tribunal de police. Pourtant, quand, en compagnie de Lestrade, j’approchai de la bâtisse massive et austère de Bow Street, je ressentis une étrange impression de familiarité. C’était comme s’il était juste que je sois convoqué, comme si, d’une façon ou d’une autre, ma venue était inévitable. Lestrade dut noter cette expression sur mon visage car il sourit mélancoliquement.

— Je suppose que vous ne vous attendiez pas à vous retrouver un jour dans un endroit comme ça, hein ! docteur Watson.

Je lui dis qu’il avait dû lire mes pensées dans ma tête.

— Eh bien ! Il faut vous demander combien de gens ont suivi ce chemin grâce à vous ― par vous, je veux dire, évidemment, vous et Mr. Holmes.

Il avait tout à fait raison. C’était la fin du processus que nous avions lancé si fréquemment, le premier pas sur le chemin de la cour d’assises d’Old Bailey et après, peut-être, de la potence.

À la toute fin de ma carrière d’écrivain, je me rends compte d’un fait curieux : tous mes récits sans exception s’achèvent par la découverte ou l’arrestation d’un mécréant.

Après quoi, sauf dans de très rares occasions, j’ai présumé que leur sort n’intéressait plus mes lecteurs et je les ai abandonnés, comme si leurs méfaits avaient constitué toute leur existence, comme si, une fois leurs crimes élucidés, ils n’étaient plus des êtres humains avec un cœur qui palpitait et un moral brisé. Pas une fois je n’ai pris en considération la peur et l’angoisse qu’ils ont dû endurer en passant ces portes battantes et en suivant ces couloirs sinistres. Est-ce que certains versaient des larmes de repentir ou priaient pour leur salut ? Est-ce que certains ont bataillé jusqu’à la fin ? Je ne m’en suis pas soucié. Cela ne faisait pas partie de mon récit.

Je repense à ce jour glacial de décembre où Holmes dut affronter lui-même les forces qu’il avait si souvent déchaînées. Je crois que j’ai été injuste envers eux, même à l’égard de scélérats aussi cruels que Culverton Smith ou aussi dénués de scrupules que Jonas Oldacre. J’ai écrit ce qu’on appelle aujourd’hui des romans policiers. Heureusement, en fait de policier, j’ai eu le plus grand détective de tous. Mais, en un sens, il a été défini par les hommes et, assurément, les femmes qu’il a affrontés. Je les ai tous mis de côté trop facilement.

Quand je suis entré dans la salle d’audience, ils me sont revenus en force à l’esprit. J’ai presque cru les entendre m’appeler et me dire : « Bienvenue ! Vous êtes des nôtres à présent ! »

Le prétoire était carré et sans fenêtres, avec des bancs en bois, des barrières et les armoiries royales blasonnées sur le mur du fond. C’est là qu’était assis le magistrat, un homme raide et âgé, avec quelque chose qui tenait du bout de bois dans l’allure. En face de lui, il y avait une estrade entourée d’une balustrade. Les prisonniers y étaient

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