La maison aux coeurs exaltés by Olivia Wildenstein

Auteur:Olivia Wildenstein [Wildenstein, Olivia]
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: Korrigan
Publié: 2023-12-04T09:28:20+00:00

35

Aussi silencieusement que possible, je me retourne et je plisse les yeux dans l’obscurité, jusqu’à croiser le regard de la silhouette assise sur le fauteuil, dans le coin de ma chambre.

Le cœur encore palpitant, je grommelle :

— Satané Chaudron, Mórrgaht.

Je saisis le bord de ma chemise de nuit et la tire par-dessus ma culotte en dentelle avant de me débattre avec les draps pour parvenir à les remonter sur mon corps.

— Personne ne t’a jamais appris que c’est malpoli de regarder quelqu’un dormir ?

Lore met un pied sur son genou, ses avant-bras reposant nonchalamment sur les côtés.

— Tu as fait de beaux rêves, Behach Éan ?

Mon cœur s’arrête. Je me demande si c’est une simple question ou une raillerie. A-t-il pénétré mon subconscient, y ajoutant Beryl, Dante et Alyona, ou est-ce moi qui l’ai fait ? Je ne comprends pas encore vraiment comment tout cela fonctionne.

Je finis par lui demander :

— Depuis combien de temps es-tu assis là ?

— Ça fait un moment.

— C’est plutôt flippant, dis-je en murmurant.

Mais bon, me regarder dormir semble être son passe-temps favori, vu le nombre de fois où il l’a fait par le passé.

— Je suis venu parler d’Éponine.

Ma mâchoire se crispe, Lore utilisant la même astuce que l’autre soir pour capter mon attention.

— Très bien.

Je me redresse dans le lit en gardant les draps bien ajustés autour de mon corps, puis je lui demande :

— Pourrais-tu sortir, pour que je puisse m’habiller ?

— T’habiller ? Pour aller où ?

— Pour discuter.

— Je ne savais pas qu’il fallait porter des vêtements pour parler.

— Tu débordes d’humour, ce soir.

— Je déborde de beaucoup de choses. L’humour n’en fait pas partie.

Les deux orbes dorés s’éteignent un instant, puis il ajoute :

— Ne bouge pas et parle, Fallon.

Il a l’air si épuisé que je me laisse aller.

— Comment va Phœbus ?

— Je croyais que nous parlions d’Éponine.

— Nous allons en parler, mais j’aimerais d’abord savoir comment va mon ami.

La lueur des yeux de Lorcan trace un chemin dans l’obscurité.

— Il endure ses séances de torture quotidiennes avec beaucoup d’aplomb.

— Très drôle.

Je presse mes lèvres l’une contre l’autre avant de demander :

— Est-ce qu’il m’en veut ?

— Même s’il a juré qu’il ne te parlerait plus jamais, tu lui manques beaucoup, et il compte les jours jusqu’à ton retour.

Mon cœur est secoué d’une série de battements erratiques, car je ne sais pas quand ce sera le cas. Bientôt, si Éponine ne tente pas de nous trahir.

— Peut-on faire confiance à la princesse nebban, ou est-elle aussi méprisable que son père ?

— Peu de gens sont aussi méprisables que le roi Roy. Quant à savoir si on peut lui faire confiance, elle n’aime ni Dante ni son père. L’ennemi de notre ennemi est notre ami.

— Alors nous devrions assister à ses noces dorées ?

— Nous ?

— Aoife ne t’a pas dit ? Nous avons été invités tous les deux.

— Elle l’a peut-être mentionné, mais j’ai été un peu occupé par d’autres… choses.

— D’autres choses, ou d’autres personnes ?

Je force mes pensées à ne pas s’orienter vers Glace.

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