La loi du sanctuaire by Elodie Bouchet

Auteur:Elodie Bouchet [Bouchet, Elodie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction
ISBN: 9782383490333
Éditeur: Gulf Stream
Publié: 2022-02-24T00:00:00+00:00

CHAPITRE 17

Mondanités

Les dîners avec ses parents représentaient l’un des aspects les plus fastidieux du retour de Darel à la capitale. Il s’estimait chanceux ce jour-là, son père avait été retenu à la cour par des obligations de dernière minute. Sa mère ne le laisserait pas profiter d’un repas tranquille pour autant.

Elle avait une fois de plus exigé des serviteurs qu’ils dressent la grande table et sortent l’argenterie. Les apparences par-dessus tout, même pour un tête-à-tête avec son fils. Habitué à ses lubies, Darel avait revêtu son uniforme de cérémonie avant de la rejoindre. Il ne l’avait jamais autant porté que depuis l’automne, mais l’habit lui épargnait toute réflexion désobligeante sur sa garde-robe.

Heureusement que son familier se démenait pour lui changer les idées. Sara était confinée à l’étage pendant les repas depuis son coup d’éclat du mois précédent – elle avait fait trébucher un serviteur, qui avait renversé sa soupière sur le général –, mais ses commentaires acerbes rompaient la monotonie des conversations.

Ce soir-là, sa mère s’était choisi une robe de velours violet aussi impeccable que fastueuse. Ses cheveux d’un noir de jais, lustrés avec soin, étaient relevés de manière à dissimuler le poids des années. Elle tapota sa cuillère contre son verre à l’intention des domestiques. Deux femmes en uniforme sombre s’empressèrent de leur présenter le premier plat, un potage aux légumes.

— Eh bien, Darel, comment ta journée s’est-elle déroulée ? s’enquit sa mère en reportant son attention sur lui.

Il rêvait d’un repas silencieux, mais toute tentative en ce sens la mettrait de mauvaise humeur, il se prêta donc à l’échange de banalités entre deux bouchées.

— Très bien, merci de vous en préoccuper. Et la vôtre ?

— J’ai déjeuné avec la comtesse Delenna ce midi. Elle m’a demandé de tes nouvelles.

Sara ponctua la phrase d’un sifflement mental blasé.

Vois le côté positif, s’amusa Darel, c’est une conversation à laquelle je suis content d’avoir échappé. Tu crois qu’elles ont encore parlé de mariage ?

Les rumeurs persistantes au sujet de son union avec Aklune ne suffisaient pas à décourager l’armée de soupirantes qui aspiraient au titre de duchesse et l’assignation de Darel à Dangor avait aggravé les choses. Sa mère déclinait néanmoins toutes les offres, dans l’espoir qu’il finisse effectivement fiancé à la princesse.

— La nièce de la comtesse cherche un cavalier pour le bal de la semaine prochaine, poursuivit-elle. Elle se demandait si tu avais déjà promis tes danses.

Traquenard ! commenta Sara.

C’est évident, reconnut Darel, mais je risque de ne pas pouvoir esquiver celui-là.

Il n’avait aucune envie de se rendre à la réception, mais sa mère ne tolérerait aucune absence. Le moment était mal choisi pour la défier : tout manquement reviendrait aux oreilles du roi, qui devait être en train de déterminer les nouvelles affectations militaires.

À ton avis, qu’est-ce qu’on peut espérer comme destination ?

Mer ! s’enthousiasma Sara.

Pas étonnant, elle avait adoré barboter dans les vagues quand ils avaient été envoyés dans les étendues sableuses de la côte sud, deux ans plus tôt. C’était autre chose que le port de Dangor.

On y retournera un jour, promis.

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