La liberté de Corker by Berger John

Auteur:Berger John [Berger John]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Lux Éditeur
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

[*] Marque de pâte à tartiner à base de levure, très populaire en Angleterre.

III

Cette tasse de thé était délicieuse, Alec, dit Corker, j’ai laissé ma montre en bas mais il doit être près de six heures et il faut que tu partes. Est-ce que tu viens à ma causerie de ce soir? Tu m’as dit que tu amènerais ta petite demoiselle si je ne m’abuse.

Je vais essayer, répond Alec.

Je serai ravi de la connaître. Je suis sûr qu’elle est tout à fait charmante.

Vous savez le kummel dont vous m’avez parlé, celui de ce glacier, avec quoi il est fait?

Un glacier?

Oui, à Vienne.

Le kummel, vois-tu, ça se prononce kimmel. C’est fait avec des graines, je crois, des graines de cumin, tu sais ces petites graines marron que l’on trouve dans certains gâteaux, elles sont très parfumées. C’est à partir de cela que l’on fait le kummel, et on le trouve partout en Europe centrale. Je ne peux pas te le promettre mais je crois que j’en ai un peu en bas, veux-tu en goûter un petit verre avant de partir, un petit toast entre nous deux pour pendre la crémaillère, hein?

Vous n’allez pas l’ouvrir juste pour moi? dit Alec.

Je crois qu’il l’est déjà, répond Corker.

Je vois, dit Alec en se rendant compte qu’un peu plus et il se trahissait.

Tu as travaillé si dur, dit Corker, tu mérites bien un verre.

Si cela ne vous dérange pas, je suis un peu pressé de partir ce soir.

J’insiste, dit Corker, tu peux partir tout de suite, mais avant tu dois prendre un verre. On va descendre et voir si on trouve.

Sur le pas de la porte, Corker se retourne vers sa chambre. On va la rendre vraiment très agréable, dit-il, mais fatalement cela prendra un peu de temps.

Alec pense: jamais je ne dormirais ici, même si on me payait, jamais je ne dormirais ici, même si je pouvais y amener Jackie.

Ils sont encore dans l’escalier que le téléphone sonne.

C’est après les heures, dit Corker, nous sommes fermés. Il devrait se trouver dans la cuisine.

Alec met les tasses dans l’évier. Les tiges presque blanches des violettes sont un peu courbées et leurs têtes pourpres un peu avachies. Le téléphone continue à sonner.

Ce sera très différent quand nous serons installés, dit Corker en élevant la voix. Ce sera un grand avantage de vivre sur place, en ce qui concerne le téléphone, je veux dire. Notre volume d’affaires devrait augmenter.

Corker explore la dernière étagère du placard. Alec rince les tasses. La sonnerie résonne encore et encore.

Le voilà, dit Corker et il ouvre la boîte qu’Alec a trouvée. Du kummel. Tu n’y as jamais goûté?

Non

Je pensais qu’il était ouvert, dit Corker, mais peu importe, aujourd’hui est un grand jour. Il crie plus fort qu’il n’est strictement nécessaire pour qu’on l’entende au milieu des sonneries du téléphone.

Celui-ci, vois-tu, vient de Bavière. Corker montre le nom de son doigt entortillé dans le sparadrap. C’est fort, remarque bien. Il ne faut pas en boire trop.

Alec se demande si Corker va lui offrir aussi un chocolat et lui montrer la photo de Maja.

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