La Flandre insolite by Roger Facon & Jean-Marie Parent

Auteur:Roger Facon & Jean-Marie Parent [Facon, Roger & Parent, Jean-Marie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Esotérisme, Histoire
ISBN: 9782221228180
Éditeur: Robert Laffont réédition numérique FeniXX
Publié: 1981-01-22T23:00:00+00:00

La sorcière de Bouvignies

Des soldats en goguette l’entraînèrent au cabaret. Ils la forcèrent à boire en leur compagnie. On était le 8 mai 1679. Péronne avait quarante-six ans.

Bientôt le ton monta. Quelqu’un traita Péronne de « bougresse de sorcière » et l’accusa de mille maux. La nouvelle se répandit. Le village prit fait et cause pour la troupe. Les bouches se délièrent. On trouva opportun et courageux de surenchérir. Péronne Goguillon se retrouva au cachot. Jacques Galopin — l’exécuteur des hautes œuvres de Douai — vint en personne rechercher sur le corps de la sorcière le fameux punctum diabolicum. Il ne fut pas déçu. Il en trouva trois ! Après avoir manœuvré la bougresse à l’aide de « la sonde ordinaire d’argent jusqu’à l’os »…

Quant à l’acte d’accusation, il ne comportait pas moins de trente crimes horribles. On reprochait en effet à la pauvre Péronne :

— d’avoir, il y a environ vingt-trois ans, eu pacte avec le Diable rencontré sur le chemin sous la forme d’un grand homme noir à cheval, et lui avoir donné un de ses cheveux ;

— d’avoir renoncé au chrême et au baptême, à Dieu, à la Vierge et aux sacrements, et de porter le caractère du Diable, ledit caractère étant imprimé en plusieurs parties de son corps ;

— d’avoir abusé des saints sacrements de confession et d’eucharistie ;

— d’avoir été une fois par semaine au sabbat, où le Diable appelé « Fréquette » la portait en forme d’un petit chien noir sans queue (sic) et d’où il la reportait en sa maison pendant que son mari dormait et ne pouvait se réveiller jusqu’à son retour ;

— d’avoir reçu de son diable une baguette qu’elle utilisait pour aller à la danse ;

— d’avoir aussi reçu de la poudre grisette pour faire ses maléfices, c’est-à-dire pour nuire aux hommes et aux bestiaux ; étant attendu que lorsqu’elle faisait mourir un homme ou un enfant son dit amoureux lui promettait tous les biens du monde, et sans néanmoins le tuer, et pour un cheval ou une vache, il lui donnait pour récompense trois patars ;

— d’avoir avec la poudre fait avorter Ludivine Facon une fois ;

— d’avoir lors d’assemblées nocturnes dansé avec les diables et autres sorciers, y avoir bu et mangé du vin et des agaches ;

— d’avoir fait des bruyans et des mouches à longs pieds pour nuire et faire faillir les biens de la terre ; ce faisant, elle avait une pièce de trois patars qui s’évanouissait sans qu’elle en eut aucun profit ;

— d’avoir fait des souris et des vermines avec la plume noire d’un coq que le Diable lui mettait sur quelques parties de son corps ;

— d’avoir eu des conversations intimes avec son dit amoureux, en forme de chien noir sans queue après que la danse fût finie ;

— d’avoir mis deux grains de sa poudre aux deux manoyelles du banc appartenant à Charles Broutin pour faire mourir un de ses enfants ;

— d’avoir, à l’aide de poudre jetée sur la face

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