La face cachée du dollar by Ross Macdonald

La face cachée du dollar by Ross Macdonald

Auteur:Ross Macdonald [Macdonald, Ross]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature américaine
Éditeur: Gallmeister
Publié: 1964-04-13T23:00:00+00:00


Chapitre 16

VERTE et dorée sous les rayons obliques, la ferme se dressait dans un coude de la rivière. Je pris une allée poussiéreuse jusqu’à la maison d’habitation. Elle était en brique blanche, sans aucun ornement. La grange, non peinte, était couleur de bois grisé par les intempéries, et elle tombait en ruine.

C’était une fin d’après-midi sans vent. Les arbres qui entouraient la cour clôturée étaient aussi figés que des aquarelles. Malgré la proximité de la rivière, la chaleur était oppressante – encore pire qu’à Vegas.

Ce lieu était tout l’opposé de Vegas, et je peinais à croire qu’Harley y soit revenu, ou y revienne jamais. Mais c’était une possibilité, et je me devais de la vérifier.

Un collie borgne noir et blanc m’aboya dessus depuis l’intérieur de la clôture lorsque je sortis de la voiture. J’essayai de le calmer en lui parlant, mais il avait peur de moi et refusait de se calmer. Finalement, une vieille femme en tablier sortit de la maison et fit taire son chien d’un seul mot. Elle me cria :

— M. Harley est dans la grange.

J’entrai par le portail grillagé.

— Je peux vous parler ?

— Ça dépend de quoi.

— D’affaires de famille.

— Si c’est un truc pour vendre des assurances, M. Harley ne croit pas aux assurances.

— Je n’ai rien à vendre. Vous êtes madame Harley ?

— Oui.

C’était une femme de soixante-dix ans à la silhouette émaciée et aux épaules carrées vêtue d’une robe-chemisier à rayures et manches longues. Ses cheveux gris étaient bien dégagés de son visage, tirés en un chignon austère. Malgré les fêlures que l’on percevait dans son regard et tout autour de ses yeux, son visage me plaisait. Il recelait de l’humour, et de la souffrance à moitié transformée en sagesse.

— Qui êtes-vous ? dit-elle.

— Un ami de votre fils Harold. Je m’appelle Archer.

— Comme c’est plaisant. On va bientôt se mettre à table pour le dîner, dès que M. Harley aura fini de traire les vaches. Vous ne voulez pas rester manger un petit quelque chose avec nous ?

— C’est très aimable à vous.

Mais je n’avais pas envie de dîner avec eux.

— Comment va Harold ? dit-elle. On a moins de nouvelles, depuis qu’il s’est marié avec Lila.

À l’évidence, elle n’était pas au courant des ennuis de ses fils. J’hésitai à lui en parler, et elle remarqua mon hésitation.

— Est-ce qu’il y a un problème avec Harold ? dit-elle d’un ton sec.

— Non, avec Mike. Vous l’avez vu ?

Ses grandes mains se mirent à s’essuyer encore et encore sur le devant de son tablier.

— Ça fait vingt ans que nous n’avons pas vu Mike. Nous ne nous attendons pas à le revoir un jour dans cette vie-là.

— Ça pourrait pourtant se produire. Il a dit à quelqu’un qu’il rentrait à la maison.

— Ce n’est pas sa maison, ici. Ça ne l’est plus depuis qu’il est parti, quand il était tout jeune. Il est allé vivre à Pocatello chez un dénommé Brown ; ça a signé sa perte.

— Comment ça ?

— La fille de ce Brown était une Jézabel.



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