La Danseuse d'Izu by Kawabata Yasunari

La Danseuse d'Izu by Kawabata Yasunari

Auteur:Kawabata, Yasunari [Kawabata, Yasunari]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature japonaise
Éditeur: Albin Michel (Éditions)
Publié: 1973-06-23T23:00:00+00:00


Un malheur pour cette maison :

Obsèques de…

La rue descendait. Au carrefour, en bas, l’agent de police démêlait avec peine l’embouteillage causé par une trentaine de voitures. Quant à lui, tout en observant la cage et les oiseaux qu’on allait sans doute libérer à l’occasion des funérailles, il commençait à s’énerver.

« As-tu l’heure ? » demanda-t-il à la jeune domestique assise près de lui, son panier de fleurs précieusement serré dans les bras. Elle ne devait pourtant pas avoir de montre et le chauffeur répondit à sa place :

« Sept heures moins dix, mais je retarde de six ou sept minutes. »

Le crépuscule de ce début d’été restait clair encore. Les roses dégageaient une senteur violente, et le parfum troublant de quelques arbres fleurissant en juin s’écoulait de la cour du temple.

« À cette allure-là, je vais arriver en retard. Pourriez-vous aller un peu plus vite ?

— Mais je suis bien obligé de laisser passer les voitures qui viennent de la droite, sans cela… Qu’est-ce qu’on donne au théâtre de Hibiya ? »

Le chauffeur espérait peut-être trouver des clients à la sortie du spectacle.

« Des danses.

— Ah ? Combien peut valoir un lâcher d’oiseaux comme cela ?

— Au fait, croiser un convoi funèbre, cela porte-t-il malheur ? »

On entendit un bruit d’ailes désordonné. Les oiseaux s’affolaient au départ du camion.

« Tout au contraire. Certains prétendent même qu’il n’existe pas de meilleur présage. »

Illustrant ses propos par les manœuvres de son véhicule, le chauffeur se dégagea de la file de voitures et doubla le convoi par la droite.

« Bizarre ! Alors, les contraires s’attirent ! » Il rit, mais jugea normal que cet homme se fût accoutumé à raisonner ainsi.

Il allait voir danser Chikako ; ces pensées n’étaient pas de mise. Laisser des cadavres d’oiseaux chez soi pouvait être plus maléfique que de rencontrer un enterrement.

« Quand nous rentrerons, tu n’oublieras pas de jeter les roitelets. J’ai l’impression qu’ils se trouvent encore dans le placard du premier étage », fit-il d’un air de dégoût.

Une semaine auparavant, un couple de roitelets était mort chez lui. Comme il éprouvait quelque répugnance à les sortir de la cage, il l’avait fourrée dans le placard, celui du palier, et laissée, puis, s’étant, ainsi que la domestique, accoutumé à la présence de ces petits cadavres, il sortait et remettait les coussins dessus chaque fois que des visiteurs arrivaient.

Le roitelet compte, avec la mésange et le troglodyte, parmi les plus petits oiseaux que l’on élève en captivité. Son ventre est vert olive, la queue jaune et grise, la gorge grisâtre. Deux traits blancs se dessinent sur les ailes aux extrémités jaunes. Au sommet de la tête, une forte ligne noire cerne une tache jaune qui tire sur l’orange chez le mâle et qui ressort nettement si l’oiseau gonfle ses plumes : elle évoque alors des pétales de fleurs épanouies. Le roitelet dégage un charme comique, avec ses yeux ronds, sa démarche très vive et sa façon de s’accrocher gaiement au plafond de sa cage. Cependant, sa joliesse n’exclut pas une sorte de distinction.



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