La Dame by Brian Herbert & Kevin J. Anderson

Auteur:Brian Herbert & Kevin J. Anderson [Herbert, Brian & Anderson, Kevin J.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Novela, Ciencia ficción
Éditeur: ePubLibre
Publié: 2021-01-01T00:00:00+00:00

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« Même en nous arrachant les yeux, nous ne pouvons pas la dé-voir. Même en nous coupant la langue, nous ne pouvons pas la dé-dire. La Vérité est éternelle. »

Aphorisme fremen.

Des bourrasques égarées chargées de sable et de poussière s’engouffraient entre les hautes murailles rocheuses du défilé où se terrait la raffinerie d’Orgiz. La chaleur et l’air pulvérulent lui desséchaient la bouche et lui brûlaient les yeux. Rabban se réjouissait pourtant d’être de retour sur Arrakis et surtout d’avoir quitté Lankiveil. Dans un environnement hostile comme celui du désert, il se sentait revivre. Et puis, ici, c’était lui qui commandait.

Au fond du canyon encaissé trônaient les silos remplis de poudre ocre. Pour les classes les plus modestes de Giedi Prime, une seule poignée de Mélange valait l’équivalent d’une année de salaire. Les ouvriers étaient tous des vétérans endurcis aux trognes burinées et aux corps secs enchâssés dans leurs distilles. Anciens membres des équipes régulières travaillant sur les moissonneuses d’épice, ils avaient été spécifiquement sélectionnés pour être réaffectés à l’usine secrète d’Orgiz. Les sinistres contremaîtres qui les dirigeaient, fervents affidés des Harkonnen, avaient été recrutés sur Giedi Prime. Pas un, ici, qui n’eût été conditionné, endoctriné, soudoyé ou soumis à quelque infâme chantage : pas un qui ne fît preuve, en toutes circonstances, de la plus indéfectible loyauté.

Une fois transféré à Orgiz, cependant, aucun n’était autorisé à repartir, et les hommes commençaient à comprendre. Ils étaient dûment ravitaillés et leurs comptes en banque bien remplis, mais ils n’avaient jamais droit à la moindre permission – Rabban n’aurait jamais pris un tel risque. De toute façon, ils pouvaient protester autant qu’ils voulaient, ils n’avaient nulle part où aller, aucune échappatoire. Tenter de traverser le désert, c’était signer son arrêt de mort, ils le savaient très bien.

En entendant le vrombissement d’une aile portante, Rabban leva les yeux. Le dessous de l’orni géant apparaissait à mesure que le dispositif de camouflage électronique se dissipait. Le bruit résonnait déjà sur les hautes parois rocheuses. Le massif vaisseau cargo rata de peu les pics déchiquetés. La perte de l’ancienne raffinerie avait été une terrible humiliation pour la Maison Harkonnen – lorsqu’un ver des sables pris au piège du défilé avait tout détruit dans sa furie. Cependant, maintenant qu’on avait bloqué l’entrée du canyon à la dynamite en provoquant un éboulis, l’usine restaurée se révélait une véritable mine d’or.

Sous les rayons du soleil qui pilonnaient le centre du canyon, Rabban arpentait fièrement le site industriel. En se faisant voir de la sorte, il savait qu’il pouvait inciter ses ouvriers à travailler plus dur, à produire plus de Mélange. La peur est parfois plus efficace que le fouet. Engoncé dans son armure, avec ses bottes et sa ceinture-bouclier – qu’il n’aurait jamais utilisée dans l’immensité des dunes, mais il répugnait à porter un de ces étouffants distilles comme ses ouvriers –, il sentait la sueur ruisseler de tout son corps et s’évaporer dans l’air sec. C’était libérateur. Il était Glossu Rabban, Comte de Lankiveil, et il pouvait s’acheter autant d’eau qu’il le voulait.

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