La cour des miracles by Annie Jay

La cour des miracles by Annie Jay

Auteur:Annie Jay [Jay, Annie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: nouveaux
Éditeur: Albin Michel Jeunesse
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Chapitre 7

Le lendemain.

Arno s’était couché si angoissé qu’il ne put trouver le sommeil qu’aux premières lueurs de l’aurore. Il se réveilla en sursaut ! Quelqu’un tirait son pied. Jeannot, un garçon de son âge, arrachait une de ses chaussures.

— Lâche ça ! ordonna Arno en se débattant.

Il regarda autour de lui. Ils étaient seuls, les autres étaient déjà levés.

— Ou quoi ? répliqua Jeannot. Eh, du cuir d’agneau, mazette ! File-moi la deuxième !

Le chien jaune montra aussitôt les dents, le poil hérissé.

— Rappelle ton corniaud, lança Jeannot.

— Ou quoi ? demanda à son tour Arno. Rends-moi ma chaussure.

Jeannot la lui lança plus qu’il ne la lui donna et le chien se tut. Arno avait oublié la dureté de la vie au campement. Les jeunes qui n’avaient pas d’adultes pour les protéger étaient livrés à eux-mêmes.

Après s’être rechaussé, il se leva. Par chance, Jeannot n’insista pas. C’était aussi bien, car Arno n’avait aucune envie de se battre.

— Viens, le chien.

Il allait sortir pour se chercher à manger lorsqu’il entendit un bruit familier. Un léger tintement de grelot puis « paf ! », et « aïe ! ». Arno sourit malgré lui. Patte-Folle, l’homme qui surveillait la maison, avait commencé ses cours. D’ailleurs, un nouveau tintement retentit, suivi d’un « paf ! », une gifle.

— Aïe ! brailla une voix fluette.

— Crème d’andouille ! s’emporta Patte-Folle. Je te l’ai dit mille fois. Tu glisses deux doigts dans la poche. Ce sont eux, et eux seuls qui doivent bouger, pas ta main. Recommence.

Par la porte ouverte, Arno aperçut un mannequin d’osier habillé de vêtements masculins sur lesquels étaient cousus une centaine de grelots. C’était dans cette même pièce qu’il avait appris le métier de voleur. Patte-Folle le vit.

— Arno ! Montre à cet imbécile comment on doit s’y prendre.

« L’imbécile » devait avoir 7 ou 8 ans. Vêtu de guenilles et les cheveux en bataille, il avait les joues rouges, preuve que la leçon ne rentrait pas. Arno s’approcha, le chien sur ses talons. Le professeur était un ancien coupe-bourse très réputé. Il s’était cassé une jambe ; depuis, il boitait. Plus question pour lui de voler dans les rues. Il avait donc décidé d’enseigner son art aux plus jeunes. Cela consistait à sortir des objets des poches du mannequin ou à couper une bourse sans qu’aucun grelot ne sonne.

Arno se chauffa les doigts en ouvrant et en refermant sa main à plusieurs reprises, comme l’aurait fait un musicien se préparant à jouer.

— La poche gauche du haut-de-chausses, ordonna l’homme.

D’un geste sûr, Arno glissa l’index et le majeur dans le vêtement et en retira un mouchoir. Pas un bruit, pas un tintement, rien.

— Tu vois ? s’écria le professeur à l’élève. Ce n’est pas compliqué ! Fais-en autant.

Le pauvre petit essaya de nouveau. Sa main tremblait tellement qu’il manqua son coup. Il prit une nouvelle gifle.

— Aïe !

Patte-Folle soupira de désespoir.

— Il n’y arrivera jamais. Il faudra lui trouver un autre métier.



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