La confrérie des mutilés by Brian Evenson

La confrérie des mutilés by Brian Evenson

Auteur:Brian Evenson [Evenson, Brian]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Le Cherche Midi


5

Plus tard, une fois sur la plate-forme de chargement, il se demanda comment il y était arrivé. Seul le début était clair dans son esprit. Il avait lâché le combiné avant d’essayer de se pencher pour fouiller les poches de Mlinko, mais avant même d’avoir réussi à s’agenouiller, il avait compris qu’il lui serait impossible de se relever.

Il avait cherché sur la table de chevet un objet pouvant lui servir d’arme mais n’avait rien trouvé. En s’appuyant au lit, il s’était lentement dirigé vers la porte. Son œil le faisait toujours souffrir mais la douleur tenait plus de la pression constante que de la déchirure, tant qu’il ne faisait pas de mouvement brusque de l’épaule.

Il avait clopiné jusqu’à la porte en ayant l’impression de se mouvoir sous l’eau. Une fois sur le seuil, il avait traversé la mare de sang en se tenant à l’embrasure. Davis était étendu sur le côté, visage tourné vers le plafond, gorge tranchée, tête relevée vers l’arrière. On lui avait sectionné deux doigts ; ils avaient disparu. Kline avait l’impression que le sang qui imbibait ses chaussettes était chaud.

Il avait failli tomber en glissant, failli s’évanouir et manqué perdre à nouveau l’équilibre. Il était revenu à lui, s’était agrippé au comptoir du bureau des infirmières, derrière lequel il avait vu deux femmes, gorge tranchée, mains invisibles de sorte qu’il n’aurait su dire si on venait de les amputer des doigts ou pas. Il avait reconnu celle qui avait répondu au téléphone plus tôt mais pas l’autre.

Kline s’était redressé, avait longé le couloir, la respiration saccadée, l’épaule douloureuse. La longue lame affûtée du poignard avait réintégré son œil. Il percevait les choses par à-coups. Soudain, il s’était retrouvé dans le couloir, plus loin qu’il ne l’avait cru ; au fond, une porte qu’il avait franchie sans l’ouvrir. Des visages se dressaient çà et là autour de lui, figés et statiques, telles des silhouettes de papier, animés de drôles d’expressions, avant de s’évanouir rapidement. Un autre segment de couloir, une rampe en pente douce, un escalier étroit dont il avait dégringolé les marches autant qu’il les avait descendues. Et puis, miraculeusement, il était debout au bas des marches. Une nouvelle longueur de couloir, plongée dans la pénombre, une série de lits déglingués alignés le long d’un mur, suivis de plusieurs conteneurs de plastique bleu scellés. Enfin, quatre portes battantes.

Quand les événements eurent retrouvé une certaine logique, Kline se retrouva sur une espèce de plateforme de chargement, effondré contre une rambarde, en train de regarder la bouche d’égout en contrebas. Et maintenant ? songea-t-il. La plate-forme était déserte, pas un véhicule en vue. En s’appuyant à la rambarde, il pouvait gagner un escalier. Il pourrait descendre les marches avant de gravir l’allée et quitter l’hôpital. La pente n’était pas trop abrupte, mais Kline n’était tout de même pas certain de pouvoir y arriver. Dans l’autre direction, la rambarde s’arrêtait juste devant une grande benne à ordures verte. Il y avait peut-être un espace entre la benne et le mur du fond.



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