La boutique aux poisons by Inconnu(e)

La boutique aux poisons by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Guy Saint-Jean Editeur
Publié: 2021-08-16T00:00:00+00:00


Chapitre 18

Caroline

Aujourd’hui, mardi

Ce soir-là, à la nuit tombée, je quittai la chambre d’hôtel aussi discrètement que possible pour ne pas réveiller James. J’avais laissé un mot près de la télévision – Sortie souper tard, C – et j’espérais qu’il ne le trouve pas de sitôt.

Je fermai doucement la porte derrière moi, attendit impatiemment l’arrivée de l’ascenseur et me dépêchai de traverser le hall de l’hôtel. Derrière moi, le sol en marbre brillait comme un miroir. Je courais après mon propre reflet sur sa surface polie, le visage illuminé d’une exaltation que je n’avais pas ressentie depuis des années. J’attrapai une pomme et une bouteille d’eau à disposition sur une console et les fourrai dans mon sac bandoulière, sans prendre la peine de sortir mon téléphone ou un plan. Je connaissais le chemin.

Étant donné l’heure avancée, les rues étaient loin d’être aussi fréquentées que la veille. De rares voitures passaient, et encore moins de piétons. J’arrivai bientôt à Bear Alley dans l’air frais et calme de la nuit, et je passai devant les mêmes bennes à ordures et détritus aperçus le matin – tous ces objets comme figés dans le temps au point que même la brise ne les avait pas déplacés depuis ma dernière visite.

Tête baissée, j’avançai jusqu’au bout de l’allée et me retrouvai presque surprise de le voir à nouveau : le portillon en fer flanqué de ses deux piliers, la cour désaffectée et – je tendis le cou pour voir par-dessus le portail –, oui, la porte. Elle avait déjà pris une toute nouvelle importance depuis mes recherches sur les cartes avec Gaynor. J’avais l’impression de connaître les secrets du coin. Juste à côté, il avait existé autrefois un minuscule passage du nom de Back Alley ; et juste en bas, il y avait Fleet Prison ; Farringdon Street avait également été rebaptisée. Toute chose était-elle vouée à se réinventer au fil du temps ? Je commençais à croire que chaque personne, chaque lieu, était porteur d’une histoire secrète quand on en grattait la surface.

Le matin, j’avais été soulagée de la présence de toutes ces fenêtres, au cas où le plombier s’approcherait trop près. Mais à présent, je ne voulais pas être vue, d’où mon excursion à la nuit tombée. Le ciel était maintenant d’un gris plomb, et seules quelques traces de rayons illuminaient l’horizon, à l’ouest. Les fenêtres des bâtiments autour de moi étaient encore allumées pour certaines. Dans un des immeubles, je voyais les bureaux, les ordinateurs et un écran dont les lettres rouges clignotaient pour indiquer le cours de la bourse. Heureusement, aucun employé zélé à l’horizon.

Sur le portillon verrouillé, un petit panneau rouge et blanc que je n’avais pas remarqué : « Entrée interdite ; Décret 739-B ». Le stress me picotait à la base de la nuque.

J’attendis une minute. Pas un bruit, pas un mouvement, à part quelques moineaux. Je resserrai la bandoulière de mon sac, calai mon pied là où un bout de pierre était tombé et me hissai sur le pilier, en équilibre précaire.



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