La ballade de max et amélie by Safier David

La ballade de max et amélie by Safier David

Auteur:Safier David [Safier David]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Place des éditeurs
Publié: 2020-04-01T22:00:00+00:00


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Les chiens fixèrent mon poing serré et reniflèrent pour voir si, contre toute évidence, l’oiseau vivait encore. C’était surprenant. Dans toutes nos vies précédentes, cette petite bestiole à plumes leur aurait été égale. Autrefois, la femelle était aussi toujours enceinte et j’avais pu voler aux deux chiens la joie de la naissance, comme ils me l’avaient volée jadis, dans le désert. C’était leur faute si le seul enfant que j’aie jamais aimé de tout mon cœur, bien que je n’aie pu que le sentir dans mon ventre, était mort. Aucun autre de ceux que, au cours des millénaires passés, j’avais portés en tant que mère, ou engendrés en tant qu’homme, suivant le corps dans lequel je m’étais réincarnée, n’avait été aussi important à mes yeux que cet enfant à naître.

La chienne n’était pas en gestation, clairement parce qu’elle n’aimait pas suffisamment le mâle. Ma supposition était donc correcte. Si je les tuais tous les deux maintenant, je briserais à jamais notre cycle éternel et mon âme en deviendrait comme toutes les autres. Elle oublierait.

Les âmes ne sont pas ce pour quoi les bouddhistes les prennent. Ni les hindous, les musulmans, les chrétiens ou les juifs. Les âmes sont comme la nature. Plus les hommes pensent en savoir sur elles, moins ils comprennent leur être réel.

Dès ma première vie, j’avais appris la vérité que seuls quelques Aborigènes préservaient de nos jours. Dans le désert de Tanami, qui se trouve dans le pays baptisé récemment, à mes yeux du moins, Australie. J’y avais vu pour la toute première fois la lumière du monde, environ soixante mille ans plus tôt. L’âge des os humains, dont certains pouvaient être les miens, exhumés par les découvertes archéologiques était sans arrêt rallongé. Il existe des scientifiques qui invoquent ces os pour soutenir une théorie que je considère depuis toujours comme exacte : nous, les aïeux des Aborigènes, étions les premiers hommes sur terre. Nos âmes étaient les premières à errer sur la planète.

Les anciens de ma tribu, qui avait pour totem le chien, m’avaient naguère enseigné ce qu’il y avait de plus essentiel à savoir sur la vie : il n’y a pas de vraie mort. Le corps périt, l’âme en revanche ne meurt jamais. Elle renaît encore et toujours. Parfois dans le corps d’une femme, parfois dans celui d’un homme. Jusqu’à la fin des temps. Cela ne compte pas que l’on ait été bon ou mauvais dans sa vie. Que l’on ait aidé d’autres personnes, que l’on se soit sacrifié pour elles, qu’on leur ait causé préjudice ou même qu’on les ait assassinées. Peu importe que l’on ait créé du grand art ou gaspillé son existence dans l’excès.

Tantôt, seules quelques années s’écoulent avant que l’âme ne trouve un nouveau corps. Tantôt, ce sont des décennies. Ou des siècles. Et, entre chaque naissance, elle vit dans les éléments. Dans le feu, la terre, l’eau, l’air.

Les animaux aussi possèdent une âme, je l’ai toujours pressenti, bien que le chamane ait affirmé le contraire. C’est ainsi que l’âme de ces deux chiens me rencontrait dans chacune de nos vies, parce que ma haine me liait à eux.



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