John Wyndham by Wyndham John

Auteur:Wyndham, John [Wyndham, John]
La langue: fra
Format: epub
Tags: sf
ISBN: 2266019198
Éditeur: Presses Pocket
Publié: 1987-02-28T23:00:00+00:00

CHAPITRE I

Le 6 janvier 2051 à 20 h 58 G.M.T., l’opérateur radio du Madge G. fit savoir au capitaine qu’il avait capté le signal d’un globe-message et lui demanda ses instructions.

Le Madge G. après un prudent détour bien à l’extérieur de l’écliptique pour franchir la ceinture des astéroïdes, avait rectifié le cap et était maintenant en chute libre vers sa destination, Callisto, quatrième lune de Jupiter. Son commandant, John G. Troyte, n’apprécia guère ce que lui signalait son opérateur : le franchissement des astéroïdes représente toujours une grande tension pour un homme consciencieux. Même en passant bien au large, on court le risque de rencontrer des blocs errants qui voguent en solitaire hors du gros de l’essaim : ils peuvent traverser un vaisseau comme un acrobate crève le papier tendu sur un cerceau. On ne peut pas y faire grand-chose : si le vagabond dépasse un tant soit peu la taille d’un ballon de football, c’est tant pis pour vous ; s’il est plus petit, on peut en réagissant sans tarder sauver le vaisseau, pourvu qu’aucun élément vital ne soit atteint. Une longue période de vigilance soutenue est extrêmement éprouvante, et le capitaine Troyte avait le sentiment d’avoir bien mérité un instant de repos et de détente pendant la descente vers Callisto.

De plus, il était pratiquement certain qu’on allait s’apercevoir en fin de compte qu’il ne s’agissait nullement d’un globe-message. On lui en avait signalé une demi-douzaine au cours de sa carrière, et à chaque fois cela s’était révélé erroné. Il ne pouvait se rappeler que cinq cas où, pendant tout le temps qu’il avait passé dans l’espace, on en avait effectivement recueilli un. C’était certes une bonne idée, seulement ça ne marchait pas : cela aurait été parfait s’ils avaient eu un peu moins d’espace pour se perdre ; mais, vu la différence entre la pratique et la théorie, il n’était guère étonnant qu’on eût rayé des règlements astronautiques la clause faisant obligation d’en emporter à bord. Ils avaient, selon le capitaine, aussi peu de chances d’être recueillis qu’un flacon de six centilitres au milieu de l’Atlantique, plutôt moins même.

Il se rendit en personne à la cabine radio. Lorsqu’il entra, l’opérateur fredonnait à l’unisson avec les rythmes des High-Shakers, diffusés sur les ondes depuis Tedwich, sur Mars.

« Éteignez-moi ce fichu boucan ! fit sèchement le capitaine Troyte. Alors, qu’est-ce que c’est que cette histoire de globe ? »

D’un déclic, l’opérateur fit taire les High-Shakers ; d’un autre, il brancha le récepteur déjà réglé. Il resta à l’écoute un instant, puis tendit le casque au capitaine, qui porta un des écouteurs à son oreille et attendit ; au bout de quelques secondes lui parvint un incontestable ta-ta ta-ta-ti. Il regarda sa montre pour chronométrer ; dix secondes plus tard très exactement, cela se reproduisit : ta-ta ta-ta-ti. Il attendit que cela se fût répété une fois encore, puis s’exclama : « Bon Dieu ! je crois vraiment que c’en est un !

— Ça ne peut pas être autre chose, Capitaine ! fit l’opérateur tout fier de lui.

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