Je vous salue imams by John La Galite

Je vous salue imams by John La Galite

Auteur:John La Galite [Galite, John La]
La langue: fra
Format: epub
Tags: 2016-02-03T13:25:20.458000-04:00 JF
Publié: 2014-01-19T23:00:00+00:00


19

Le lendemain, Nawas s’enfonçait dans un quartier proche du Karachi Cantt, l’une des principales gares de chemins de fer de la ville.

Dans les poches de son shalwar, il avait glissé deux enveloppes : l’une contenait dix billets de mille roupies, l’autre cinq. La seconde servirait de surprime si l’informateur se montrait difficile.

D’étroites et sombres allées s’entrecoupaient, donnant dans des allées plus étroites et plus sombres encore. Le ciel était vide d’étoiles. Au loin, le serpent de lumières de la gare et des voies ferrées se dessinait.

Le quartier déplaisait à Nawas. Il ne se sentait pas en sécurité, surtout avec la somme qu’il transportait. Sarwar, qu’il avait eu au téléphone, s’était montré réticent. Pas de lieu public, il préférait que Nawas se rende à son domicile.

Nawas avait longtemps hésité avant d’accepter.

Sarwar était-il fiable ? L’argent suffirait-il à acheter sa discrétion ? Il l’ignorait. Tout ce qu’il savait c’est ce que Bachir lui avait répété : son ami fixeur qui travaillait avec un journaliste de la BBC n’avait pas eu à se plaindre des services de Sarwar.

Des réverbères apparaissaient çà et là, jetant des flaques d’une clarté trouble, vite englouties par la nuit immense. Le long des murs, quelques chiens fouillaient dans des monceaux de détritus. Nawas aperçut dans un recoin des silhouettes accroupies devant un brasero sur lequel chauffait une grosse théière. Des gamins, figés devant leurs portes, le regardaient passer en chuchotant. Nawas avait l’impression d’avancer dans un tunnel sans fin. Il avait tiré de sa poche un mouchoir qu’il appliquait sur ses narines ; une odeur acide de combustible brûlé prenait à la gorge.

En face d’une petite place, sous une ampoule, un boucher découpait au hachoir une carcasse de mouton. On distinguait les membres dépecés, la viande rouge et blanche. À ses côtés, un apprenti, son fils peut-être, agitait un chasse-mouches en paille.

Nawas s’arrêta devant un immeuble de béton brut qu’éclairait une rangée de loupiotes. Les fenêtres du rez-de-chaussée étaient protégées par des barreaux, celles des étages supérieurs par du grillage. Sur des ficelles entrelacées, des calots de crochet blanc séchaient.

C’était là qu’habitait Sarwar, l’homme qui travaillait comme contrôleur sur la ligne de chemins de fer Karachi-Quetta.

Nawas se sentit soulagé d’avoir atteint sa destination sans problème.

L’escalier avait des marches raides et étroites. À chaque palier les portes s’entrouvraient et Nawas devinait les ombres qui l’épiaient. C’était une vie communautaire, resserrée, où l’étranger était suspect.

Un jeune garçon l’attendait au dernier étage. Il le fit entrer. Son père n’était pas là. Il ne tarderait pas. Nawas pouvait l’attendre.

La pièce dans laquelle il se trouvait devait mesurer trois mètres sur quatre. La peinture, usée, était noircie dans les coins du plafond. Dans le fond, un rideau tendu masquait une seconde chambre.

Nawas s’assit sur un lit recouvert d’une pièce de tissu. Des éclats de voix lui parvenaient de l’extérieur, des gamins s’insultaient et se battaient. Le vacarme finit par s’éloigner.

Au mur était suspendu un cadre avec des versets du Coran ; les lettres étaient bordées d’or et d'argent. Au sol, contre le mur, des sandales et des mules étaient rangées.



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