J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu by Philippe de Villiers

Auteur:Philippe de Villiers
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2019-06-15T00:00:00+00:00

Entre tous les interlocuteurs, le mélange des casquettes et des écrans est fréquent : il arrive que Jean Monnet écrive, par erreur, sur un papier à en-tête de la CECA – institution publique s’il en est – au général Donovan, président d’un organisme privé de soutien à la promotion des États-Unis d’Europe, et qui est le créateur de la CIA*3.

L’agent rend compte, fait son rapport au fondateur de la CIA – président du Committee – avec le ton obséquieux d’un obligé qui sollicite son bailleur de fonds : « De cette manière, nous sommes en train de construire les États-Unis d’Europe. Parce que les Américains comprennent l’importance de ceci, pour eux-mêmes aussi bien que pour l’Europe, ils nous ont apporté leur soutien et ont encouragé nos efforts. L’aide et l’encouragement des Américains qui sont rassemblés par le Comité américain pour l’Europe unie ont beaucoup fait pour renforcer cette grande entreprise. Votre soutien continuel, actuellement plus crucial que jamais, nous aidera beaucoup pour avancer vers la réalisation pleine et entière de notre plan*4. » Monnet exprime sa gratitude en termes ampoulés. Ces remerciements ne sont pas gratuits, comme les archives en apportent la preuve.

Je sais que la suite de mon propos, étayé par des documents irréfutables, va briser le mythe et le faire exploser. Il fallait bien qu’un jour la vérité sur les financements secrets des « Pères fondateurs » fût mise sur la place publique. Depuis soixante-dix ans, c’est le grand tabou. On se tait. Les élites mondialisées pratiquent le silence des idéologies. Comme dit Soljénitsyne, « dans les régimes à temporalité close, le système s’autoraconte »… Le système européen s’est autoraconté.

La Parole officielle est incritiquable. Il ne faut pas que le peuple sache certaines choses troublantes. Il est interdit sur le forum qu’on descelle les statues. Le monde politique doit reproduire à l’identique les mêmes fables. Quant aux universitaires et spécialistes de la question européenne, ils sont tenus par l’Institution, elle prohibe les curiosités et recherches aventureuses. En effet, selon les confidences de certains d’entre eux, l’enseignement de la « construction européenne » en droit, en sciences politiques et en histoire, est exclusivement concentré sur les « chaires Monnet », c’est-à-dire les chaires d’enseignement général d’une part et des modules d’enseignement d’autre part. Mais ces deux éléments d’étude sont financés par l’Union européenne. Elle veille, elle surveille… et tout le monde tremble…

Voilà donc l’histoire : en 1955, Schuman devient président du « Mouvement européen », un groupe de pression international qui promeut l’intégration européenne. Ce mouvement a été fondé en 1948, lors du congrès de La Haye, et son siège est à Bruxelles.

Et, à la même date, Monnet décide de créer le Comité d’action pour les États-Unis d’Europe, cependant que Henri Frenay, l’ancien résistant, préside l’Union européenne des fédéralistes. Comment financent-ils leurs mouvements ? Lorsque j’ai entrepris de chercher la réponse, je me suis tourné vers les biographes officiels, reconnus par les instances scientifiques et qui ont fait – il faut le souligner – un travail très poussé de documentation.

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