Inspecteur Grégorio T4 : Le tueur de la plage by Claude Depyl

Auteur:Claude Depyl [Claude Depyl]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier/Thriller
ISBN: 9782366523782
Éditeur: TDO Éditions
Publié: 2022-07-18T00:00:00+00:00

***

— C’est le bouquet ! grogne Constantin en écartant les rideaux de sa chambre.

Le ciel a le spleen. Il s’est tapissé d’un gris vaporeux, collant, qui voyage en altitude en propulsant de temps à autre des giclées vengeresses sur l’espèce humaine. Un vilain crachin qui imprègne les têtes et casse l’ambiance insouciante de l’été. La météo est quand même optimiste et prédit des éclaircies dans le courant de la matinée. L’âme suivra l’évolution du climat.

Il est neuf heures et il s’apprête à partir rejoindre le commissariat où l’attend sa capitaine. Il a pris ce début de matinée très relax. Hier il est resté assez tard au bureau et a épongé le retard qu’il avait accumulé. Sa table de travail est nickel, débarrassée de notes parvenues en aussi grande quantité que les tomes du Comte de Monte-Cristo. Le support papier devait disparaître. Hélas ! Vu la surabondance des communications et la pléthore de bavards et de petits génies épistolaires, il est revenu en force jusqu’à saturer les corbeilles.

Il s’est prélassé un peu plus au lit malgré les remontrances de Rita qui lui enjoignait de faire du vélo d’appartement. Elle l’avait invectivé :

— Si tu continues à te pavaner comme un vieux rentier, ton abdomen va reposer sur le cadre avant.

Il avait approuvé tout en relevant les draps comme pour se couper du monde. À présent, il a retrouvé son tonus et sa clairvoyance. L’Alfa pétarade en traversant le village sous l’œil bienveillant du chef de la police municipale Maurel. Lui aussi aime les caisses qui ne traînent pas sur l’asphalte. Et puis on ne va pas se bouffer entre collègues. Quinze minutes plus tard, le commissariat est atteint. Escudié est déjà sur le pied de guerre. Elle tue le temps en complétant des mots fléchés. Ghislaine lui dédie un bref signe de la main, puis replonge dans l’écran de son ordinateur. Salmoni est en vadrouille. Il s’est débarrassé de ses tire-laines de l’Est. Les couloirs ont retrouvé une sérénité appréciable.

— Prête pour l’expédition au pays du crime ? entame Constantin guilleret

— J’ai signé pour avoir des frissons sinon je me serais lancée dans la coiffure.

— Alors ne gaspillons pas notre temps. Ventini doit arpenter le terrain depuis l’aube.

— C’est vous qui arrivez avec du retard, pas vrai ? Une panne d’oreiller ?

— Des heures de récupération au lit, en effet. À défaut d’être payé pour les dépassements d’horaires, je compense en roupillon.

Ils dévalent les escaliers carrelés avec entrain. L’atmosphère n’est pourtant pas à l’euphorie. Les chaussées se décorent de flaques, les arbres secoués par un vent espiègle arrosent les passants privés de parapluie. L’horizon est bouché d’une brume opaque, infranchissable du regard, fut-il affûté. Le canal de la Robine, ce long ruban d’eau verdâtre, semble être un crêpe de deuil aujourd’hui. Et pourtant nos policiers ont un moral d’enfer. Ils sont tellement habitués aux images infernales !

La Mégane de service ne bronche pas à l’allumage. Elle a l’air docile. Inutile de traînailler sur la 113. Escudié prend le volant et l’autoroute.

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