Innocent ! by Laurent Chabin

Innocent ! by Laurent Chabin

Auteur:Laurent Chabin [Chabin, Laurent]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782897814342
Éditeur: Hurtubise
Publié: 2019-08-07T14:52:38+00:00


11

La haine…

L’enquêteur en sera pour ses frais…

À peine Nadine Kaplan a-t-elle disparu en direction de chez elle que le téléphone du policier sonne. D’un geste nerveux, il sort l’appareil de sa poche et émet un grognement en guise de réponse.

Ni mes parents ni moi n’osons bouger sans qu’il nous en donne l’ordre. Mais l’homme semble nous avoir oubliés. Je le regarde du coin de l’œil.

Il n’interrompt pas une seule fois son interlocuteur, mais son visage s’assombrit au fur et à mesure qu’il écoute. Au bout d’un moment, il grommelle quelques mots indistincts et rengaine son appareil. Les yeux baissés vers le sol, il a l’air vraiment contrarié.

Il donne un coup de pied dans un caillou, puis relève la tête. C’est alors qu’il semble nous remarquer, comme si nous venions de débarquer de la planète Mars.

Ses yeux me fixent un instant. Il paraît indécis et tendu à la fois. Enfin, il articule lentement :

— Je crois que nous n’aurons plus besoin de toi, jeune homme.

Puis, se tournant vers mes parents, il ajoute :

— Vous pouvez rentrer chez vous. Le… protégé de madame Kaplan est hors de cause.

Il a prononcé « protégé » d’une curieuse façon, en insistant sur le mot et en l’accompagnant d’une sorte de moue un peu méprisante qui me gêne.

— Vous avez donc identifié le véritable assassin ? demande ma mère avec une intonation pleine d’espoir.

Le policier renifle avec humeur et hausse les épaules.

— Non, hélas, répond-il. Mais Bernard Bouchard a un alibi en béton. Il a passé toute la matinée d’hier à l’épicerie du village, où il travaille parfois pour se faire de l’argent de poche. Le gérant du magasin ainsi que deux de ses compagnons de travail viennent de nous le confirmer. Nous… nous venons de le relâcher.

L’enquêteur doit se sentir honteux de l’attitude qu’il a eue envers madame Kaplan, et il n’a pas l’air très désireux de poursuivre la conversation avec nous.

Sans rien ajouter, il nous tourne le dos de façon grossière et s’éloigne vers ses collègues.

Et je reste planté là, le regardant marcher lourdement, les épaules voûtées. Je suis quand même soulagé que Bébé ait retrouvé sa liberté. Dire que je l’ai pratiquement accusé moi-même hier !

On devrait toujours tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant d’incriminer quelqu’un sans preuve. Je tâcherai de m’en souvenir…

— Eh bien, allons-y, fait mon père, comme pour me faire redescendre sur terre.

Aussitôt il se met en marche vers la maison de monsieur Latendresse… Instinctivement, je me retourne vers ma mère. Nos regards se croisent.

Vient-elle de penser à la même chose que moi ?

Oui, sans doute, si j’en juge par sa réaction.

— Jean ! dit-elle d’une voix hésitante. Est-ce que tu ne crois pas que…

Elle ne termine pas sa phrase. Mon père fait volte-face.

— Que quoi ? répond-il.

— Madame Kaplan, poursuit-elle. Tu ne crois pas que nous devrions aller la prévenir ? Elle est vraiment préoccupée par le sort de Bébé, et je ne pense pas que ce policier ait très envie d’aller l’informer de ce que nous venons d’apprendre.

Mon père hausse les épaules d’un air las.



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