Infestation by Ezekiel Boone

Auteur:Ezekiel Boone [Boone, Ezekiel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: BIB Science-Fiction
ISBN: 9782330108878
Google: C_xmDwAAQBAJ
Éditeur: Éd. Actes Sud
Publié: 2018-09-03T22:00:00+00:00

Institut national pour la santé, Bethesda, Maryland

Melanie regarda à nouveau la vidéo japonaise depuis le début. Il n’y avait que Dichtel, Nieder, Haaf, Julie et elle dans la salle de conférences. Elle avait chassé le sergent Faril et les autres gardes du corps, les assistants de laboratoire et tous ceux qui allaient et venaient dans les couloirs de l’Institut national pour la santé. Pas mal de monde avait l’air vénère qu’elle ait pris un étage entier du bâtiment pour elle toute seule. Deux peut-être ? Peut-être plus : les soldats, les gardes, les membres du personnel, il avait bien fallu que tout ce petit monde s’installe quelque part et ils avaient probablement pris plus de place que prévu, mais ce n’était pas son problème. Il n’y avait que quatre unités de bioconfinement de ce niveau dans tout le pays, bordel. Une à l’hôpital universitaire Emory à Atlanta, une au centre médical de l’université du Nebraska, une à Missoula dans le Montana et une autre, ici. Étant donné qu’elle était basée à l’American University de Washington, pas la peine de se casser la tête : le bâtiment de l’INS à Bethesda était pour elle. Quant à ceux qui se sentaient mis sur la touche, il faudrait bien qu’ils avalent la pilule. Elle avait du boulot. Comme comprendre ce truc qu’elle était en train de regarder.

La vidéo avait été coupée pour durer tout juste deux minutes, avec des sous-titres pour traduire les commentaires et les données à l’écran. Hors contexte, aucune information n’avait vraiment de sens : la température et l’humidité n’intéressaient pas réellement Melanie. L’homme dans la combinaison et les scientifiques qui supervisaient tout depuis le labo parlaient – ou plutôt juraient – de temps en temps et leur dialogue apparaissait en caractères blancs à l’écran.

— Est-ce que la traduction est fidèle ? demanda Melanie en s’adressant à Julie Yoo.

— Vous savez que je ne suis pas japonaise, hein ? répondit Julie.

Si Melanie n’avait pas été si fatiguée, elle se serait giflée. Embarrassant.

— Ne me regardez pas, dit Laura Nieder. Je suis cambodgienne, mais de Géorgie et du New Jersey. Je parle couramment espagnol, je peux dire des gros mots en italien, mais je ne parle pas un traître mot de japonais.

— En fait, ajouta le Dr Mike Haaf, moi, je parle un peu japonais. Je suis fan de mangas.

Melanie le regarda fixement et Haaf commença à bégayer :

— Et ouais, ça m’a l’air fidèle, comme traduction.

Ils regardèrent la caméra fixée sur le casque du scientifique traverser la pièce sombre jonchée de sacs d’œufs, contourner le pilier de pépites blanches qui lui bloquaient la vue, s’approcher de plus en plus de ce cocon géant, qui pulsait, rayonnait et envahissait finalement tout l’écran. La soie était translucide, la lumière rayonnait vers l’extérieur, comme une lampe torche à travers la peau. Les points noirs qui parsemaient la surface du cocon – c’était bien à ça qu’il ressemblait plutôt qu’à un sac d’œufs – permettaient de se faire une bonne idée de la taille de ce qu’ils étaient en train de regarder.

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