Image(s) by Mélanie de Coster

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Auteur:Mélanie de Coster [Mélanie de Coster]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Auto-Édité
Publié: 2018-07-25T22:00:00+00:00


La suite de l’histoire, Lara la connaissait. Elle était née en hiver, conjurant la malédiction. Avec des jambes vigoureuses, pour aller toujours plus loin, toujours plus vite. Cette fois encore, elle avait voulu aller un peu trop vite. Ce qu’elle y avait gagné, c’était de se retrouver camouflée sous des bandages blancs, enfouie sous des draps pâles, avec un appartement et des espoirs partis en fumée.

Lara ne put retenir un gémissement. Son père réagit immédiatement, lui prit la main, et elle se décida enfin à le regarder. Sa gorge restait nouée par tous les mots qu’elle n’osait pas lui dire. Il n’en avait pas besoin pour lire en elle.

Pour combler le silence, toujours inquiétant, il lui raconta comment « un jeune homme, qui semble très bien », avait aperçu la fumée sortir de son appartement, et s’était précipité pour l’emporter, évanouie, juste avant que les flammes ne la réduisent en cendres au milieu de ses meubles. Son père avait toujours apprécié ce qui pouvait ressembler à l’héroïsme. Cet inconnu qui risquait sa vie pour celle d’une inconnue, c’était une histoire qui le rassurait. De plus, parler de ce vaillant sauveur lui permettait de taire que les flammes avaient marqué leur empreinte sur la peau de sa fille, que ses cheveux, si longs, si blonds, étaient devenus souvenirs, et que son petit deux-pièces ne pourrait sans doute pas l’héberger de sitôt.

Alors, il continua à parler, jusqu’à ce que Lara s’endorme, bercée par le rythme calme des paroles de son père complimentant un jeune homme portant des baskets rodées et des jeans élimés. Sans oublier ses lunettes, aux verres cerclés de fer…

Il y eut plusieurs réveils, plusieurs matins aux paupières pâles et aux traits tirés. Lara apprit qu’Étienne l’avait sauvée — encore — et qu’il avait sympathisé avec ses parents. Elle n’arrivait pas à savoir pourquoi cette nouvelle ne la réjouissait pas vraiment.

Pourtant, elle s’était réconciliée avec Étienne, qui ne cherchait plus à s’imposer à elle. Ils avaient même décidé, ensemble, qu’il l’hébergerait jusqu’à ce qu’elle trouve un nouveau travail et un nouvel appartement.

Elle avait établi des règles : chacun sa chambre, chacun sa vie. Il avait accepté. Elle lui faisait presque confiance. Elle avait décidé de ne plus le repousser, sans pour autant lui faire des avances. Elle lui avait laissé entendre qu’elle ne se sentirait pas prête à être regardée comme une femme tant que ses blessures ne seraient pas cicatrisées. Tant qu’elle n’aurait pas récupéré ce qui était sa beauté antérieure. De toute manière, lui avait-elle précisé, sa peau à vif ne supporterait pas le moindre effleurement. Elle espérait que cela calmerait ses empressements. Au moins le temps qu’elle décide jusqu’où elle était prête à aller avec lui.

Malgré ses réserves, elle allait vivre chez lui. Pour une seule raison. Parce qu’elle avait foi en l’opinion de ses parents.



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