Hortense by Ferdjoukh Malika

Auteur:Ferdjoukh Malika [Malika , Ferdjoukh]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Ado
Éditeur: Medium - L'école des loisirs
Publié: 2003-05-01T04:00:00+00:00

10

Tempête sur la côte et dans les cœurs

Une brise balaya les côtes de Finlande, mit le cap sur l’Écosse où elle gagna en force, en froid et en tourbillons, elle continua à folle allure vers la France où elle montra à tous ce qu’est un bon gros début d’hiver.

Le néon du petit Eskimo colorait en bleu la doudoune rose de Bettina, du coup la doudoune était violette. Le nez de Bettina violet également. De froid. Et aussi ses lèvres. Elle s’abrita sous un auvent. Elle pensa oh mon Dieu je suis en train de l’attendre, je pèle de froid, et je suis ridicule.

N’empêche. Elle avait laissé Denise et Béhotéguy sirotant leur chocolat chaud à l’Ange Heurtebise. Elle les envia.

N’empêche.

Merlin apparut soudain sous le porche, la nuit de novembre était tombée. En à peine un regard, Bettina avait reconnu sa silhouette en longueur, sa manière de fourrer le poing dans sa poche, avec détachement. Il dit au revoir à une collègue et il se dirigea seul vers le parking à vélos.

Bettina vérifia que personne ne le suivait. Elle courut vers lui.

Le bruit de ses pas lui fit lever la tête. Il était en train de défaire son antivol, accroupi. Il lui jeta un œil par-dessus l’épaule, sans la moindre expression d’étonnement, de colère, ou de n’importe quoi, sur son visage tranquille. Elle pensa oh mon Dieu qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui…

— Bonjour !

Il répondit :

— Bonjour.

Elle pensa oh mon Dieu c’est pas gagné. Et elle s’accroupit à côté de lui, près de la roue du vélo.

— Je voulais te voir. Je voulais déjà te voir l’autre jour, quand…

Il ne répondit rien et libéra l’antivol. Elle pensa il n’a même pas vu que j’ai changé le roux de mes cheveux.

— Laisse-moi t’expliquer, dit-elle. Depuis qu’on se connaît, je…

— Tu ne me donnes jamais l’impression qu’on se connaît, Bettina. J’ai même l’impression que tu fais tout pour avoir l’air du contraire.

Il disait la vérité. Pourquoi est-ce que ça faisait si mal ?

— C’est faux, mentit-elle. Pourquoi je ferais ça ?

— Je ne sais pas. Toi tu dois le savoir.

Elle baissa la tête. Merlin se releva, empoigna le guidon et poussa le vélo devant lui. Elle se redressa d’un bond et le rattrapa. Ils marchèrent un moment côte à côte, dans les rafales d’hiver, silencieux. Elle pensa oh mon Dieu j’aimerais vraiment, tout de suite, qu’il m’embrasse et me dise qu’il ne m’en veut pas. Elle mordilla le pouce de son gant.

— L’autre jour, commença-t-elle, à la fête de Gersende…

— Oui ?

— J’aimais bien quand on dansait.

— Moi aussi.

Il alluma la lanterne au-dessus de la roue.

— Je peux être tellement débile, des fois… Je voudrais que tu m’excuses. Je le veux très fort.

Il ne répondit rien, poussant son guidon. Le néon du petit Eskimo n’était plus qu’une lueur sur le trottoir, derrière.

— Je ne t’en veux pas, Bettina, je t’assure. Mais tu vois, ce jour-là, tu as changé quelque chose. Comme si tu avais fermé une porte pour toujours.

Pour toujours. Elle tira

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