Histoire du manga by Karyn Poupée

Histoire du manga by Karyn Poupée

Auteur:Karyn Poupée [Poupée, Karyn]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Éditeur: Tallandier
Publié: 2014-01-01T05:00:00+00:00


Pourquoi komikku (comic) ?

Le lecteur ne peut que constater l’importance soudaine du terme komikku (comic), non seulement dans les titres des magazines, mais aussi comme dénomination générique de catégories de manga, essentiellement celles destinées aux publics majeurs. Il y a à cela une explication qui ne tient pas uniquement à une quelconque coquetterie anglophile. En effet, comme nous l’avons détaillé depuis le début de cet ouvrage, le manga pour adultes existait depuis la fin du XIXe siècle : il a même précédé l’émergence de la bande dessinée pour enfants. Toutefois, l’acception du mot manga était alors différente, recouvrant la caricature de presse, miel des revues satiriques. De facto, entendu comme prolongation du manga pour enfants révolutionné par Osamu Tezuka après guerre, le manga pour adultes tel qu’il est apparu dans les années soixante, avant de s’élargir pour toucher les trentenaires et quadragénaires dans les années 1980, n’appartient pas à ce registre de la première heure, que cultivaient encore dans les années soixante-dix des hebdomadaires comme Shukan Manga Times, Shukan Manga Sunday ou Shukan Manga Goraku. Ces derniers, réputés véhiculer un genre de dessins et mini bandes dessinées de mauvais goût, ero-guro (érotique et grotesque), cochons même, étaient mal cotés auprès des générations de 20-30 ans. Ils n’exploitaient en outre pas encore les ressorts du story manga, ni les ficelles commerciales nouvelles de leurs cadets. Le fait que tous ces titres comportaient le mot manga était une bonne raison pour les nouveaux magazines de ne pas y avoir recours. Par ailleurs, le même terme manga avait une autre signification, tout aussi embêtante, celle de bande dessinée infantile, un sens qui ne correspondait pas non plus à l’image que les nouveaux périodiques pour majeurs éduqués voulaient donner d’eux-mêmes. Un autre terme était donc souhaitable. L’appellation gekiga eût été presque idoine, mais ce néologisme des années cinquante avait aussi un inconvénient, celui de comporter étymologiquement une dimension dramatique restrictive, voire une crudité, qui ne seyait pas à toutes les formes potentielles du manga adulte. Le gekiga était en outre perçu comme un genre marginal, trop étroit, difficilement accessible à tous et adossé à des revues plus confidentielles comme Garo, alors toujours active. C’est donc in fine komikku ou komikkusu (comic ou comics) qui s’est imposé. Déjà consacré sous une forme écourtée par la maison d’édition de Tezuka, avec le magazine mensuel COM (publié entre 1967 et 1973), sous-titré « revue spéciale de manga pour l’élite », le terme comic avait d’emblée acquis une connotation positive de narration de haut vol, laquelle collait bien au souhait d’attirer un public de cols blancs. Ainsi, outre Big Comic, presque tous les magazines de réelles bandes dessinées pour étudiants et jeunes salariés, créés à la fin des années soixante et durant la décennie suivante, ont inscrit le vocable comic dans leur titre ou devise. D’autres, sans l’utiliser, ont pris des précautions langagières pour revendiquer leur appartenance au même courant. Shukan Manga Action se piquait d’être la revue « de la nouvelle vague de gekiga », en référence



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