Histoire de Monstres by Anaïs Bonaventure

Histoire de Monstres by Anaïs Bonaventure

Auteur:Anaïs Bonaventure [Anaïs Bonaventure]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Auto-Édité
Publié: 2023-12-05T00:00:00+00:00


Chapitre 4

L’horreur extrême enroula ses lianes autour de l’œsophage d’Eleanor, l’empêchant d’appeler à l’aide ou même de respirer et distillant son poison dans son esprit. La jeune femme se tordait par la panique, saisissant les images de son calvaire. Des bribes de souvenirs, des réminiscences sous la forme d’une folie monstrueuse dont elle ne pouvait plus échapper la hantaient. Affûtées, les ombres fondaient sur elle avec la force d’une vague.

Combien de minutes, combien d’heures dura son agonie ?

Quelques secondes à se débattre, seule dans ce grand lit, puis Eleanor ouvrit ses yeux injectés de sang dans un cri de détresse.

Encore groggy par des rêves revisitant sa rencontre de cette nuit, la jeune femme tenta de reprendre son souffle, mais impossible pour elle tant l’angoisse écrasait sa poitrine d’un poids incommensurable. Son cœur lui-même semblait vouloir fuir son réceptacle de chair, battant une cadence plus rapide encore que les danses des aristocrates du bal de la veille.

Ses paupières ouvertes depuis cinq minutes, Eleanor restait pourtant prostrée, mais en inspirant avec calme, elle réussit enfin à se relever. Cet excès de panique lui fit honte, comme une faiblesse mise à nu. Elle espérait que ses plaintes n’avaient pas atteint les domestiques qui œuvraient au rez-de-chaussée.

Sans prendre la peine de manger, elle se dirigea vers le quartier de Belgravia pour retrouver sir Nougatine. Un sentiment d’urgence s’emparait de ses muscles contractés sous les affres du désarroi. Les lumières qui s’éteignaient, unique barrière contre les monstres : fâcheux accident ou agression commanditée ? Cette question ne cessait de tourmenter son esprit et depuis son réveil, son crâne la faisait souffrir. Sans vouloir sombrer dans les supplices de la paranoïa, sa mésaventure lui laissait un goût d’amertume. Une panne restait envisageable, rare, mais possible. Néanmoins, toutes les lumières à l’ouest de Londres s’étaient éteintes en une seule fois, et cela demeurait pour le moins invraisemblable.

En entrant, Eleanor aperçut le gentleman débraillé. Assis près du piano, il feuilletait une partition, dos à elle. Il se leva avec précipitation lorsqu’il entendit le majordome tousser pour signifier la présence de la jeune femme. Mrs Pampelune découvrit alors le visage tiré du dandy. Elle n’était pas la seule à avoir sous les yeux de belles marques violacées dues au manque de sommeil.

Il s’avança vers elle. Ses cheveux étaient davantage ébouriffés, et sur son visage, elle pouvait lire plus que de l’ennui : de la contrariété. Dans un rictus agacé, il s’exclama avec sarcasme :

— Mrs Pampelune, que me vaut l’honneur de votre présence en une heure si matinale ? Puisque les bals durent la nuit entière, il est de coutume d’éviter toute interaction sociale pour le reste de la journée, voyez-vous !

Dans un sourire affirmant comprendre l’injonction polie que lui lançait sir Nougatine, Eleanor répondit :

— Je vous apporte les carnets traduits de mon père. J’ai pensé que vous désireriez les lire le plus vite possible. Mais peut-être me suis-je trompée. Si cela vous sied davantage, il m’est possible de revenir plus tard.

Aussitôt, l’ombre irritée sur le visage du gentleman s’éclipsa et une mine avide s’imposa.



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