Histoire de l'art by Viviane Huys & Denis Vernant

Auteur:Viviane Huys & Denis Vernant [Huys, Viviane & Vernant, Denis]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Art
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Dans son Traité du signe visuel qui constitua le premier jalon d’une sémiotique enrichie mais aussi modifiée par le cognitivisme, le Groupe µ chercha notamment à caractériser des invariants visuels définissant un certain nombre de formèmes55: la dimension, la position et l’orientation constituent trois formèmes qui assurent l’organisation plastique de l’objet visuel. Mais il reconnaissait également alors que «ces formèmes peuvent varier très fort quant à la possibilité qu’on a de les systématiser56».

C’est ici que les questions cognitives resurgissent et qu’il convient de s’en emparer à bon escient: les problèmes de rhétorique visuelle sont affaire de «praxis énonciative57». Il s’agit de considérer que la procédure énonciative met en jeu avant tout une activité qui engage le corps et la dynamique d’un sujet. Or, cette praxis convoque tous les canaux perceptifs, y compris ceux qui ne relèvent pas du registre visuel. Car lorsque la sémiotique s’engage dans le domaine du visuel, là encore, la praxis énonciative est susceptible d’être contaminée par d’autres vecteurs sensoriels. Ainsi, l’histoire de l’art aurait avantage à revisiter les outils de lecture de l’image qui, grâce à la sémiotique, font intervenir d’autres aspects sensori-perceptifs non exclusivement liés à la vue. On peut légitimement s’interroger sur l’incitation auditive et tactile provoquée par la vue et l’observation d’une œuvre picturale dont le dispositif, avant tout visuel, n’englobe pas moins d’autres sphères du spectre sensoriel. Dans sa contribution aux Ateliers de sémiotique visuelle58, Odile Le Guern développa la question des relations entre tactilité et visualité, ou comment le visuel «embraye» forcément sur le tactile. L’auteure note une «inversion des rôles» «où l’objet réel vient se substituer à sa représentation59». Dans le même ouvrage, Anne Beyaert-Geslin, s’intéressant aux motifs introduits par Henri Matisse dans sa peinture, attire notre attention sur le fait qu’:

Au sens de la vue, la distance personnelle offre de surcroît une acuité inégalée en accordant une sensibilité particulière aux textures et aux matières qui rejoint cette possibilité de «toucher avec les yeux» que maints auteurs ont désignée sous le nom d’haptique60.

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