Histoire de la sorcellerie by Colette Arnould

Histoire de la sorcellerie by Colette Arnould

Auteur:Colette Arnould
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Tallandier
Publié: 2017-03-16T16:00:00+00:00


« Louange soit à Dieu, Ruine à l’hérésie, Paix aux vivants,

Repos éternel aux défunts.

Amen. »

« Signature du rédacteur et épitaphe pour les morts sans sépulture61. »

CHAPITRE VI

POURQUOI « LA SORCIÈRE » ?

* * *

En ne laissant plus rien au hasard le Malleus a rempli sa fonction. Mais comment expliquer que tout à coup la sorcière porte seule l’entière responsabilité des crimes perpétrés contre l’humanité, tandis que le sorcier passe au second plan ?

Il ne suffit pas de dire qu’une certaine image de la femme associée au diable, au péché et à la sexualité a trouvé tout naturellement une concrétisation dans la sorcière ; il ne suffit pas non plus d’en chercher la cause dans l’Église seule, même si elle a pesé ici de tout son poids.

Il faut aussi chercher ailleurs et prendre en considération un ensemble d’éléments imbriqués les uns dans les autres, faisant intervenir une dimension psychologique, sociologique et culturelle dans lesquelles le rôle de l’inconscient n’est pas non plus négligeable ; il semble bien difficile, voire impossible de mettre l’accent sur un aspect plutôt que sur un autre. Toute tentative d’analyse visant à catégoriser, à ordonner les faits autour d’un thème majeur dont découleraient les autres échoue devant la complexité à laquelle on se trouve aussitôt confronté. Il semble plutôt que l’on ait affaire à un phénomène d’accumulation couvrant deux siècles environ. C’est de données d’abord éparses, issues de domaines différents, mais présentant toutes des points communs que surgira la synthèse permettant la constitution de la sorcière. Certains aspects nous semblent particulièrement marquants. Sans pour autant prétendre y trouver la clé de toute analyse possible, du moins pouvons-nous, à travers quelques thèmes de réflexion, suggérer une interprétation, tout en admettant ses inévitables limites. Mais auparavant un retour en arrière s’impose. Saisir un changement, c’est considérer que quelque chose a été, qui s’est ensuite modifié. Or quelle a été la place de la femme dans la société médiévale et quand s’est-elle modifiée ? Toute étude du « pourquoi » passe d’abord par là.

Si le monde médiéval nous apparaît comme un monde d’hommes, c’est parce que nous le saisissons à travers le prisme déformant de nos propres préjugés. Pourtant, pendant longtemps, dans toutes les classes, les femmes ont exercé un rôle au sein de cette société. À la limite, elles disposent à la fin du Moyen ge de plus de droits qu’au XVIIe et a fortiori au XIXe siècle.

Il ne faut pas oublier que, jusqu’à la fin du XVe siècle, la femme dispose de ce que l’on nomme aujourd’hui la capacité juridique, elle reste propriétaire de ses biens, dont le mari peut disposer, elle dispose du droit de vote, intervient dans les procès comme plaignante ou témoin, tient une place dans la vie économique, exerce un métier (et même parfois un métier d’homme), peut ouvrir une boutique, par exemple, sans avoir besoin de l’accord de son époux ; elle a encore le droit de conserver son nom de jeune fille, d’occuper les fonctions de son mari lorsqu’il s’absente ; enfin, elle participe au même titre que lui à l’éducation des enfants, etc.



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