Histoire de la Sicile by Jean-Yves Frétigné

Histoire de la Sicile by Jean-Yves Frétigné

Auteur:Jean-Yves Frétigné [Frétigné, Jean-Yves]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 2015-11-25T23:00:00+00:00


La Sicile frontière de l’Occident chrétien

Au début de son règne, Charles Quint doit faire face à la menace, déjà ancienne et permanente, de la piraterie barbaresque mais aussi lutter contre les Turcs qui s’affirment comme la nouvelle grande puissance en Europe. Conduits par le sultan Soliman II le Magnifique (1495-1566), l’armée turque gagne de nombreuses batailles terrestres dans les Balkans. Conscient de la faiblesse de sa marine par rapport au potentiel et au savoir-faire des équipages vénitiens et génois, Soliman II se rapproche des redoutables Barbaresques et du royaume de France. En nouant des relations commerciales dès 1524 avec les Turcs, prélude au fameux « traité » de capitulation du 4 février 15363, François Ier semble ouvrir une nouvelle ère dans la diplomatie européenne. Sur le plan des symboles, le bouleversement est réel puisque depuis Frédéric II aucun roi chrétien d’envergure n’avait accepté de nouer des liens avec un souverain musulman. Mais dans les faits, cette alliance ne débouche sur rien de concret du point de vue militaire et ne donne pas une supériorité décisive à la France dans son combat contre l’Espagne, ouvert en 1519 lorsque François Ier est vaincu par Charles Quint dans l’élection au trône impérial, et conclu par la paix du Cateau-Cambrésis quarante ans plus tard en avril 1559. Toutefois, Charles Quint ne peut qu’être inquiet devant une alliance entre les Turcs, qui ont conquis Belgrade en 1521 et sont devenus maîtres d’une grande partie de la Hongrie après la bataille de Mohács (1526), les Barbaresques dont la flotte du sultan et seigneur d’Alger Khayr al-Din (1466-1546) fait des ravages en Méditerranée, et enfin la puissance militaire du royaume de France. Devant le risque que la Méditerranée passe sous le contrôle des Turcs et de leurs alliés, Charles Quint puis son fils Philippe II (roi de 1556 à 1598) attachent une grande importance stratégique à la Sicile.

Pendant cinquante ans, de la conquête de Rhodes par les Turcs en 1522 à la défaite de leur marine à Lépante en 1571, la Sicile est la frontière de la chrétienté en Méditerranée. Elle est à la fois la base des opérations pour la conquête des territoires du Maghreb et une forteresse en mesure de résister aux attaques de l’armée ottomane. Elle veille à l’approvisionnement de la flotte impériale et alliée et nourrit périodiquement jusqu’à des dizaines de milliers de soldats et de marins espagnols, lombards, allemands, en transit vers Naples, la Barbarie4 ou vers le Levant5, sans oublier de nombreux Siciliens se joignant à ces expéditions. Après la période de troubles (1516-1523), l’élite sicilienne affirme une entière fidélité à Charles Quint et la renouvelle à son fils. Ainsi le Parlement n’hésite pas à voter des impôts extraordinaires pour financer la guerre contre les Turcs. L’importance stratégique de l’île et la loyauté du peuple sicilien au service de l’Empire lui valent la visite de Charles Quint. Entre le 22 août et le 3 novembre 1535, dans une atmosphère d’enthousiasme et de fête, Charles Quint fait le tour de l’île en se rendant à Palerme, Termini, Polizzi, Randazzo, Taormine et Messine.



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