Grands boulevards by Tonie Behar

Grands boulevards by Tonie Behar

Auteur:Tonie Behar [Behar, Tonie]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782709644457
Éditeur: JC Lattès
Publié: 2013-09-01T22:00:00+00:00


Doria retourna précipitamment dans la salle, glissa derrière le bar et se faufila au milieu des danseurs, à l’abri. Sacha était en train de faire un carton. Le public chaud bouillant dansait, sautait, chantait et consommait. Derrière le bar, Sonia piquait une crise de nerfs et appelait Karim en hurlant. Les verres sales s’empilaient dans l’évier. Elle avait décrété qu’elle ne servirait plus que des bières à la pression et pompait sans relâche tout en criant et boudant, mais son attitude semblait faire partie du folklore, et les garçons agglutinés derrière le bar s’en accommodaient très bien. Doria se mit à danser comme une folle, le rouge aux joues, le cerveau bloqué sur l’ahurissante vision de Karim et Manuela en plein ballet S.M. Et si Manuela décidait de se venger sur elle également ? Si elle la fouettait ? Léo Klein approcha et se pencha vers elle.

— Je vous cherchais. Je m’en vais.

Elle leva les yeux vers lui. Étrangement, avec sa haute taille et ses larges épaules, il lui semblait un rempart rassurant contre la fureur de la déesse d’Oh My Gode !

— Déjà ? Vous retournez travailler ? demanda-t-elle.

— Pas tout à fait… Je vous embrasse.

Il glissa sa main derrière son cou. Dans l’état où elle était – terrifiée, choquée, surexcitée –, elle sursauta. Mais non, il n’allait quand même pas lui mettre une laisse ! Léo Klein approcha son visage du sien et posa ses lèvres sur sa peau brûlante.

— Bravo, votre soirée est une réussite, chuchota-t-il à son oreille. Vous avez pensé à vous faire payer ?

Doria frissonna. Léo Klein planta son regard dans le sien. Ses pupilles, habituellement d’un bleu limpide, étaient troubles, et troublantes. Décidément, tout le monde était bizarre, ce soir. Elle regarda du côté de la scène. Sacha, en sueur, se déhanchait lascivement contre sa guitare.

— Me faire payer… En nature, oui !

À trois heures du matin, Sacha colla Doria contre le mur de son salon et l’embrassa ardemment.

— Ce soir, tu dors chez moi, chuchota-t-il.

Elle enroula une jambe autour de ses hanches, il glissa ses mains sous son tee-shirt. Ils traversèrent l’appartement blanc scotchés l’un à l’autre, tombèrent dans les draps emmêlés, se déshabillèrent l’un l’autre avec des gestes fiévreux.

Cela dura sept minutes, préliminaires compris. Puis Sacha s’endormit comme une masse.



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