Grâce à l'amour d'un chat by Louise Booth

Auteur:Louise Booth [Booth, Louise]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782824641416
Éditeur: City Edition
Publié: 2014-11-01T04:00:00+00:00

10

Printemps en fleurs

Le printemps est toujours magnifique dans les Highlands, mais, en 2012, il fut exceptionnel. Nous sortions d’un long hiver froid et sombre, et je me réjouissais de voir les jonquilles en fleurs et d’entendre le ronronnement des eaux de la rivière gonflées par les dernières neiges fondues des Cairngorms.

Il semblait que la chance nous souriait enfin.

Chris et moi avions appris à nous montrer réalistes avec Fraser, mais les progrès accomplis au cours des mois précédents nous rendaient plus optimistes que nous ne l’avions été depuis longtemps.

Ce n’était pas seulement dû à l’atmosphère plus calme et plus joyeuse qui régnait depuis notre installation sur les terres du domaine. On entrevoyait de vrais signes positifs.

Lindsey avait rédigé un rapport très encourageant, qui était parvenu entre les mains de notre orthoprothésiste, une femme du nom de Lynne, installée à Aberdeen.

Les orthèses avaient apporté une aide indéniable, mais elles étaient encombrantes. Montant le long de la jambe, elles passaient également sous le pied, ce qui lui donnait une démarche très raide. Elles devaient également être remplacées régulièrement, tous les six mois, environ, et c’était gênant. Lorsqu’on alla la voir au printemps, elle demanda à Fraser de marcher un peu et prit quelques notes. J’espérais qu’elle nous annoncerait que les nouvelles orthèses seraient prêtes dans quelques semaines, mais elle avait une autre idée en tête.

— Je crois que c’est le moment de se passer d’orthèses.

— Vraiment ? demandai-je.

— Je suggère de passer aux bottines orthopédiques.

— Qu’est-ce que c’est, exactement ?

— Ce sont aussi des sortes d’orthèses, qui monteront jusqu’aux genoux, mais sans passer sous le pied. Ainsi, Fraser pourra bouger et se pencher plus facilement.

Il fallut quelques semaines avant qu’elles ne soient prêtes, mais leur impact fut immédiat. Elles ressemblaient un peu à des patins à glace, sans lames, bien entendu.

Fraser fut immédiatement bien plus mobile à la maison et pouvait se pencher plus facilement, comme Lynne nous l’avait assuré. Il était plus habile et plus souple. J’ai vraiment remarqué la différence lorsqu’il s’est mis à sautiller sur le trampoline, avec Billy à ses côtés, comme souvent. Il commença aussi à marcher plus vite, presque à courir, ce qui était une avancée extraordinaire pour lui.

Cette nouvelle mobilité m’encourageait d’autant plus qu’elle suivait une conversation fort intéressante que j’avais eue à la maternelle. Au début, j’étais toujours inquiète si une institutrice m’approchait lorsque j’attendais Fraser à la sortie.

— Louise, me dit-elle. Non, ne vous inquiétez pas, je voulais juste vous demander quelque chose.

— Oui ? dis-je avec un peu d’appréhension malgré son sourire.

— Est-ce que vous avez étudié les formes géométriques avec Fraser à la maison ?

J’étais un peu décontenancée.

— Euh, non. Il a un jeu dans lequel il doit mettre les carrés, les cercles et les triangles dans les trous correspondants, mais c’est tout. Pourquoi ?

— Parce que, aujourd’hui, il a reconnu un octogone, un hexagone et un pentagone, et les a nommés par leur nom.

J’étais un peu éberluée, mais je tentai de le cacher.

— C’est du Fraser tout craché. Il vous réserve toujours des surprises.

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