Georges Guynemer by Jean-Marc Binot

Auteur:Jean-Marc Binot [Binot, Jean-Marc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
Publié: 2017-06-15T00:00:00+00:00

Ne laissant rien au hasard, le pilote, avant chaque mission, se rend dans la baraque du service météo de Cachy afin d’étudier les cartes et de connaître les vents et les altitudes les plus favorables à la navigation. « La victoire en l’air est une affaire d’extrême précision : un rien, un cheveu, et on rate son coup. Quand je fonce sur mon adversaire, d’une altitude supérieure de 500 mètres à la sienne, je tiens compte de la différence de vitesse de vent que je vais rencontrer », explique-t-il à Jules Rouch, l’officier responsable de l’antenne météo. L’as de la Spa 3 se soucie aussi de la température de l’altitude prévue durant le vol, pour adapter sa tenue et n’avoir ni trop chaud, ni trop froid : un vêtement de plus ou de moins, dit-il, peut lui faire perdre la fraction de seconde qui décide de la victoire21. La mécanique est, à ses yeux, une science précieuse, susceptible de pouvoir lui sauver la vie. Il sait que la température du moteur indiquée par le thermomètre de bord de son Spad VII ne doit pas dépasser 85° en cas de montée prolongée, et qu’il est nécessaire, dans ce cas, de diminuer aussitôt l’ouverture des gaz. Il s’est rendu compte qu’il ne faut jamais pousser le moteur aussitôt après la mise en marche, surtout l’hiver, et qu’il est préférable de l’arrêter au bout de trois minutes pour que la chaleur se communique à toute la masse du carter dans le but de fluidifier l’huile. En conversant avec les mécaniciens, il a noté qu’une chute de la température du moteur pendant un vol plané peut aussi aboutir à des ratés du moteur lors d’une reprise. Il n’a pas oublié qu’il est également délicat de remettre en marche un moteur calé en piquant.

En recherche permanente d’un matériel plus efficace, l’as s’adresse directement aux concepteurs des aéroplanes et aux motoristes pour réclamer des modifications. Il n’est évidemment pas le seul. Pour ne citer que lui, Brocard a, par exemple, demandé, dès mai 1915, à Louis Béchereau de lui monter un gros moteur sur le nouveau taxi « pour que ça monte vite et haut », de façon à atteindre les 3 000 mètres en quinze minutes22. Guynemer entretient toutefois une correspondance régulière avec le directeur technique de la maison Spad, 19 rue des Entrepreneurs à Paris, dans laquelle il lui fournit une profusion de détails, rendant compte des conditions de vol, et faisant des propositions d’amélioration très minutieuses dans tous les domaines, qu’il agrémente de croquis pour mieux être compris de son correspondant.

Une des lettres envoyées par Guynemer à Béchereau en novembre 1916.

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