Galaxie 154(1977) by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Éditeur: OPTA
Publié: 1977-04-04T13:48:22+00:00

Traduit par Ben Zimet

Titre original : Fimbulsommer

Parution aux U.S.A. : If, septembre-octobre 1970

Le grand vaisseau condamné

par J.T. MAC INTOSH

I

ENTRE Jupiter et Saturne, orbitait languissamment une planète supplémentaire. Son mouvement était excentrique et pour une planète, elle était de dimensions fort exiguës ; néanmoins, nul parmi les vingtaines de vaisseaux qui s’élançaient à sa rencontre à partir de la Terre, de Vénus et de Mars, ou encore de Pluton, Triton, Titania, Dione, Rhéa et Titan n’éprouvait la moindre difficulté à la repérer à l’œil nu, car sa surface était argentée et réfléchissait 95 pour cent de la lumière qui venait la frapper. Elle était indubitablement petite, acérée, brillante, et totalement différente de toute autre lampe suspendue au firmament.

Pour une planète, elle était minuscule, mais pour un vaisseau, le Goliath était vaste. Bien entendu, il avait été construit dans l’espace. Ses sections même étaient trop gigantesques pour qu’on ait pu les assembler sur quelque planète que ce soit et les hisser ensuite dans l’espace. Tout le travail d’assemblage avait été accompli par des charpentiers de l’espace en combinaison spatiale. Seuls, quelques-uns des éléments les plus complexes avaient été entièrement terminés sur la Terre ou sur Mars. Et même dans ce cas, leurs dimensions étaient à ce point titanesques que leur mise en place avait constitué le problème le plus épineux de l’entreprise.

Et voici qu’après les essais préliminaires, le Goliath était prêt pour son voyage inaugural. Pas question de lui assigner une promenade interplanétaire : dans ses essais, il avait parcouru plus de vingt années-lumière. Il n’était pas davantage conçu pour les voyages interplanétaires que pour les courts sauts de puce vers Alpha du Centaure ou Sirius. S’il pouvait à l’occasion condescendre à faire escale sur Procyon, il avait été construit pour accomplir des voyages véritables – comme de la Terre à Altair, à Vega, à Arcturus, à Capella, voire même à Antarés, à condition que 14 000 personnes éprouvent simultanément le désir de s’y rendre.

Il était le plus rapide, le plus gigantesque, le plus sûr de tous les vaisseaux jamais construits. Mais peut-être le choix de son nom fut-il malheureux. Peut-être une partie de la publicité faite autour de lui fut-elle mal inspirée. Car les gens l’apparentaient en esprit à un autre vaisseau, qui lui aussi avait été le plus rapide et le plus sûr et ils annulaient la location de leurs places.

Car on l’avait surnommé le Titanic.

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