Galaxie 069 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Si la planète était morte et contaminée lors de la venue des Premiers Hommes, errant et tâtonnant au hasard, aussi désemparés que des enfants en bas âge, il n’y aurait aucune civilisation humaine sur Sirgol, personne dans les Temps Modernes pour résister au mortel présent. Derron savait que les berserkers détruisaient systématiquement tout ce qui vivait. La crainte que cette planète risquât d’être encore plongée dans le sombre chaos du néant pénétrait chaque fibre de Derron et chaque fibre de ses semblables.

Les coordonnées de la « voie d’accès » furent aussitôt transmises par Derron, ainsi que par les autres sentinelles, au Commandement des Opérations du Temps. Hommes et ordinateurs s’activèrent ensemble, remontant les rayons vecteurs le long desquels progressaient les mortels écarts de probabilité.

Cette fois-ci le Commandement fut satisfait de la manière dont fonctionna le système. Les ordinateurs annoncèrent que les appareils de pointage coiffaient les six machines volantes.

Dans la casemate du Deuxième Stade des Opérations, les missiles étaient prêts, simples fuseaux épointés, reposant sur leurs plates-formes de lancement et entourés de commandes aux mécanismes complexes.

— « Sur la voie d’accès, premier missile… feu ! » ordonna la voix traînante du commandant.

Aussitôt des bras d’acier massif tirèrent latéralement l’engin de son berceau, tandis qu’un cercle argenté apparaissait au-dessous de lui sur la plate-forme sombre, en chatoyant comme un liquide agité. Les bras lâchèrent le missile, qui disparut au moment même de sa chute. Il tomba dans le passé, propulsé comme une onde de probabilité à travers les milliers de kilomètres de rochers en surface. Les calculateurs de guidage firent de constantes corrections, dirigeant leur charge d’hydrogène fissible dans les dédales de la semi-réalité vers le point exact en bordure de l’existence normale.

Derron constata que les menaçantes et pernicieuses modifications qui envahissaient furtivement son écran commençaient soudain à reculer. On eût dit un truquage, comme si l’on projetait un film en marche arrière.

— « Coup direct sur la voie d’accès ! » s’écria le commandant, sans intonation traînante, cette fois-ci, dans les écouteurs. Les six berserkers entraient dans le temps réel, simultanément avec une explosion atomique faite sur mesure pour eux.

Tandis que l’on voyait sur tous les écrans s’éloigner les ondes de la mort, des murmures d’allégresse parcouraient de long en large, comme des vagues, les lignes incurvées des postes de sentinelles. Mais la discipline et l’expérience mettaient une sourdine à cette jubilation.

Dès lors, ce qui resta des six heures de faction se déroula comme un exercice d’entraînement coutumier, selon les techniques du « nettoyage ». On mit des points sur les i et des barres aux t, en affermissant le succès tactique et en le confirmant par des observations et des tests. Les hommes furent relevés, suivant l’horaire prévu, pour les pauses habituelles. Ils se remplacèrent en échangeant des sourires et des clins d’œil. Derron continua sa garde, souriant chaque fois que le regard d’un camarade croisait le sien ; c’était la chose la plus facile à faire.

Quand vint l’heure de la relève sans qu’il y ait eu le moindre

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