Fukushima, dans la zone interdite by William T Vollmann

Auteur:William T Vollmann [Vollmann, William T]
La langue: fra
Format: epub
Tags: pollution, nucléaire, société, témoignage
ISBN: 9782907681957
Google: XGqGtgAACAAJ
Éditeur: Tristram
Publié: 2012-09-14T22:00:00+00:00

III

DANS LA ZONE INTERDITE

Je ne nierai pas mon égoïste soulagement en quittant la laideur puante de Kesennuma et d’Oshima, pour ne rien dire de mon impatience à l’idée de rentrer chez moi sans encombres, là où de telles choses n’arrivent jamais (en Amérique, Sacramento, où je vis, vient juste après la Nouvelle-Orléans pour le risque d’inondations). Pour autant que je puisse le déterminer d’après mon dosimètre, les radiations à Kesennuma et Oshima semblaient le double de celles de Tokyo : un dixième de millirem toutes les douze heures. Maintenant il était temps de retourner à Koriyama, et de là de faire une incursion ou deux dans la zone d’évacuation.

À 5 heures 30 du matin à Oshima, l’appareil donnait 2,2 millirems, ayant évolué une fois depuis le crépuscule. À 9 heures 30 sur la voie express du Tohoku, après deux heures de pluie modérée et juste au nord de la sortie d’Ohira, il atteignit 2,3. Peu avant 13 heures, comme nous entrions dans Koriyama, il en était à 2,4. À 20 heures ce soir-là, sans doute grâce à un certain voyage d’agrément que je raconterai bientôt, il était à 2,5 et le matin suivant, avant six heures, il était parvenu à un glorieux 2,6 : bref, quatre fois le point de comparaison de Tokyo. Selon le journal, le niveau véritable était plus proche de 44 fois celui de la capitale {35}, mais, optimiste comme je suis, je gardai foi dans le jouet que Bob m’avait vendu. C’est ici l’endroit de dire que le chiffre de mon dosimètre pour Koriyama, le plus élevé de tout intervalle de vingt-quatre heures, exception faite de mes deux vols internationaux, n’est pas mauvais du tout : il équivaut à 146 millirems par an. Un dosimétriste américain convint que la moitié pouvait être une radioactivité « naturelle » antérieure au désastre {36}. Pour atteindre mon seuil dangereux de 5 rems, il m’aurait fallu traîner dans Koriyama pendant plus de trente-quatre ans. Quand même, si j’étais jeune, je ne voudrais peut-être pas m’y marier et y avoir des enfants {37}.

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