Fermer les yeux by Antoine Renand

Auteur:Antoine Renand [Renand, Antoine]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Groupe Robert Laffont
Publié: 2020-03-16T04:00:00+00:00

— Et qu'est-ce que vous transportez dans vos cartons ?

— Oh... des outils ! répondit Lamy à Delalandre. J'adore bricoler, expliqua-t-il en levant l'une de ses mains calleuses, je me trimballe avec des caisses de matériel, le problème, c'est que j'ai mal fixé l'une d'elles et ça faisait du bruit derrière.

L'art du mensonge était inné chez Marcel ; il avait toujours su mentir avec aplomb et faire avaler des tas de bobards à ses interlocuteurs, aussi vigilants soient-ils. Il usait de son air bonhomme, l'accentuant jusqu'à la nigauderie, et tous ces cons-là croyaient avoir le dessus alors que c'était lui qui les roulait.

— Vous allez loin ?

— Oh non ! Je rentre à Péronnas, répondit-il en désignant ses papiers entre les mains de Delalandre. Je suis passé chez mon frère après le travail, et là faut que je rentre. J'ai bossé tard et demain je remets ça, je fais les 3 × 8...

— Où et dans quoi vous travaillez ?

— À l'usine Augagneur, manutention.

— Ah..., fit Delalandre, subitement moins fermé. Le meilleur ami de mon fils a fait un stage là-bas.

— Comment qu'il s'appelle ? demanda aussitôt Lamy avec intérêt.

— Gaëtan Lebrun.

— Ah oui, Gaëtan, je m'en souviens bien ! Un bon gars, travailleur. Il a déménagé, je crois ?

— Il a changé de région, acquiesça Delalandre en souriant pour la première fois. – Puis, revenant à des choses sérieuses – : Monsieur, il faut pas recommencer, hein ? Ce que vous avez fait, vous garer ainsi sur le bas-côté, et surtout en coupant vos feux... Vous vous croyez protégé, mais c'est pas le cas, les autres conducteurs ne vous voient pas et tous ne roulent pas droit, malheureusement... Si vous avez besoin de vous arrêter, faites-le sur une aire de repos.

— Vous avez entièrement raison, dit Lamy, hochant la tête en signe de soumission. Je comptais m'arrêter juste une minute et j'ai tout éteint sans réfléchir. On ne m'y reprendra plus, vous avez ma parole !

Delalandre dévoila alors ses dents, en un rictus empreint de condescendance, avant de lui rendre ses papiers.

— Vous pouvez y aller.

*

En un quart d'heure, Lamy rejoignit Péronnas, à côté de Bourg-en-Bresse. Son lotissement s'étendait sur une immense surface et évoquait un labyrinthe, avec ses allées en tous sens.

Après avoir dépassé moult ronds-points et rues, il arriva devant chez lui. À l'aide d'un premier boîtier télécommandé il ouvrit son portail puis, avec un second, la lourde porte du garage. Il rangea la camionnette à l'intérieur, puis referma derrière lui.

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