Enquête sur un génocide by Gérard de Villiers

Auteur:Gérard de Villiers [Villiers, Gérard de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage, SAS
Éditeur: Gérard de Villiers
Publié: 2000-10-09T22:00:00+00:00

CHAPITRE XII

La porte du bureau 233 était grande ouverte. Malko frappa quand même au battant et Agathe, la secrétaire de Stephen Ngiga, penchée sur des papiers, leva la tête, lui offrant aussitôt un sourire radieux.

— Ah, vous voilà ! C’est gentil !

Elle se leva, fit le tour du bureau, sexy à souhait, ses gros seins débordant de sa robe imprimée, roulant des hanches, la bouche humide et le regard allumé. On aurait dit une pub pour l’Afrique. Malko se demanda instantanément si elle ne pensait vraiment qu’au sexe ou si elle agissait sur commande. Sa visite n’était pas totalement désintéressée. Il avait envie de découvrir le rôle véritable du représentant du gouvernement rwandais à Arusha. Et pour ça, il fallait aller au contact.

La Noire s’arrêta à quelques centimètres de lui, totalement provocante, avec sa poitrine offerte sur un plateau par le soutien-gorge pigeonnant dont on apercevait un peu de dentelle blanche.

— Le patron, il est en retard ! dit-elle. Venez, je vous emmène au salon !

Elle traversa le couloir, introduisant Malko dans une petite pièce aux murs aussi nus que le bureau, mais meublée d’un grand canapé et de deux fauteuils séparés par une table basse.

— C’est ici que nous recevons les visiteurs importants, annonça-t-elle pompeusement.

— Je ne suis pas important, protesta Malko avec un sourire.

— Pas du tout, renchérit la pulpeuse Agathe. Vous êtes important parce que vous êtes un ami du Rwanda !

Elle s’assit dans le fauteuil en face de lui, croisant les jambes d’un mouvement si ample que Malko ne put faire autrement que d’apercevoir sa culotte assortie à son soutien-gorge… Tout cela n’était pas innocent… Une fois installée, Agathe arbora soudain une expression tragique.

— Je n’ai rien à vous offrir à boire ! Nous sommes pauvres, nous n’avons même pas de bureau en ville. Le génocide nous a ruinés !

Malko l’assura que cela n’avait pas d’importance. Rassérénée, la Rwandaise se pencha vers lui.

— Alors, que pensez-vous de ce procès ?

— Il est utile ! répondit Malko sans se compromettre. Mais je crois que vous détenez aussi beaucoup de « génocidaires » au Rwanda.

— Trop ! laissa tomber Agathe. On aurait dû les « couper » depuis longtemps, mais le grand patron ne veut pas. Alors, après nous avoir massacrés, ils sont en train de ruiner l’économie.

— Comment ça ? s’étonna Malko.

D’après les ONG, les prisons rwandaises étaient au mieux des mouroirs, au pire des camps de concentration où les détenus mouraient comme des mouches…

— Comme ils s’ennuient en prison, expliqua la belle Agathe, on leur donne le droit de travailler à l’extérieur et de revenir coucher en prison le soir. Ils se font payer très peu et les gens normaux ne peuvent plus trouver de travail.

— Ils ne se sauvent pas ?

La Rwandaise éclata de rire.

— On voit que vous n’avez jamais été chez nous ! Ils sont habillés avec des tenues roses ! Et puis, on les compte tous les soirs. S’ils retournaient dans leur village, ils seraient dénoncés.

Un téléphone qui sonnait dans son bureau la propulsa dans le couloir.

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