Enfants du Soleil by André Brahic

Auteur:André Brahic [Brahic, André]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science
ISBN: 978273810861
Éditeur: Odile Jacob
Publié: 1998-12-31T23:00:00+00:00

Les nurseries stellaires

Depuis les années 1970, les astronomes ont essayé d’observer les régions du ciel contenant un grand nombre d’étoiles jeunes. L’idée était de regarder dans la cour de récréation des écoles maternelles dans l’espoir d’apercevoir la maternité voisine. Cette approche « microscopique », pour ainsi dire, consistant à analyser les endroits où des étoiles se sont récemment formées dans notre Voie lactée, s’est avérée très féconde et continue d’apporter de nombreux fruits. Une autre approche plus « macroscopique » consiste à observer à grande échelle la formation des étoiles dans les autres galaxies. Ces galaxies sont alors pour nous de véritables laboratoires au sein desquels nous observons comment la formation des étoiles est orchestrée. Nous tentons alors de déterminer le rôle de plusieurs facteurs tels que la densité du gaz ou encore l’abondance des éléments lourds. Nous pouvons aussi tester l’efficacité de quelques mécanismes de déclenchement de la formation d’étoiles.

Jusqu’à présent, les astronomes n’avaient pas été capables d’observer directement la formation d’une étoile. Il y avait au moins trois raisons à cela : d’une part, la brièveté du phénomène, d’autre part, le manque de pouvoir séparateur des instruments pour observer en détail des objets aussi lointains, et enfin la présence de poussières dans l’environnement immédiat d’une protoétoile.

Pour un astronome qui compte en milliards d’années quand il mesure l’âge de l’Univers ou celui du système solaire, la formation d’une étoile est un processus extrêmement rapide. Une fois commencé, l’effondrement d’un globule s’accélère et ne dure que quelques dizaines de millions d’années. En observant une étoile au hasard, on n’a donc pratiquement aucune chance de tomber juste au moment de sa naissance. Dans ces conditions, cela signifie que, statistiquement, il va y avoir relativement peu de régions proches de nous où des étoiles sont en train de se former.

Les étoiles sont si éloignées que leur environnement immédiat n’est visible que sous un angle bien inférieur à une seconde d’arc, à la limite du pouvoir de résolution des télescopes terrestres. Apercevoir des détails sur les étoiles les plus proches revient à être capable de lire ce qui est écrit sur une pièce de monnaie située à des centaines de kilomètres de distance.

Quand une protoétoile commence à se contracter, l’effondrement a lieu dans un nuage de poussières et de gaz de sorte que l’environnement immédiat devient de plus en plus opaque. La quantité de poussières est telle que l’observation en lumière visible est impossible. L’énergie émise par les régions centrales ne peut pas s’échapper directement.

Cette description pessimiste pourrait nous faire croire que nous ne pourrons jamais assister aux premiers vagissements d’un bébé étoile. Nous l’avons craint jusqu’au milieu des années 1980. Tout s’est éclairci depuis.

D’une part, l’utilisation de satellites d’observation en orbite autour de la Terre comme le télescope spatial, ou encore de techniques élaborées comme l’optique adaptative mise au point sur des télescopes terrestres, permet de s’affranchir des turbulences de l’atmosphère terrestre et d’utiliser les télescopes au maximum de leur pouvoir de résolution. D’autre part, le rayonnement infrarouge, de plus grande longueur d’onde que le rayonnement visible, passe à travers un milieu poussiéreux.

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