En cas d'urgence, faites le 15 by Emmanuelli Xavier Tartière Suzanne & Xavier Emmanuelli

En cas d'urgence, faites le 15 by Emmanuelli Xavier Tartière Suzanne & Xavier Emmanuelli

Auteur:Emmanuelli Xavier, Tartière Suzanne & Xavier Emmanuelli [Tartière, Suzanne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2015-04-02T16:00:00+00:00


De l’utilité du téléphone de campagne

Lundi 27 juin 1988, il est 19 heures. Mes collègues s’apprêtent à rentrer chez eux, c’est moi qui suis de garde ce soir-là. Un appel des pompiers déclenche l’alerte maximale : « Suzanne... collision entre deux trains... Gare de Lyon. » Pas besoin de détails, c’est gravissime, les équipes que j’ai sous la main doivent partir sur-le-champ. En trois minutes, ceux qui étaient sur le point de quitter l’hôpital sont de nouveau habillés en blanc et sautent dans les ambulances. 19 heures est une heure particulière parce que c’est le moment où nos troupes se croisent. Ceux qui ont fini leur journée à 18 heures sont souvent encore présents. Cela nous permet de doubler les effectifs en un temps record. Comme par ailleurs nous avons un parc d’ambulances en réserve, en cas de crise, nous pouvons les rendre immédiatement opérationnelles.

Direction gare de Lyon, troisième sous-sol, quai B, voie 2. Le Paris-Melun s’est encastré à 70 km à l’heure dans un train à l’arrêt, une collision d’une violence folle qui fait cinquante-six morts et autant de blessés. Sur place, le choc a eu l’effet d’une bombe. Paysage apocalyptique de ferrailles enchevêtrées...

Au Samu, on s’organise. Le plan d’urgence est déclenché. Tandis qu’un collègue gère les appels courants, je m’occupe exclusivement de l’accident. D’abord, demander de l’aide aux Samu des départements de la Petite Couronne. Ils vont soit nous suppléer pour les urgences quotidiennes, soit nous épauler sur les lieux de la catastrophe. Les choses s’enclenchent à toute vitesse et pendant la première demi-heure, presque toutes les équipes convergent vers la gare. Moi, depuis ma salle de régulation, je n’ai pas encore reçu de bilans, mais j’imagine parfaitement ce qui se passe là-bas parce que j’ai déjà vécu ce type de crise. Je sais qu’une fois sur le terrain, chacun va appliquer le plan d’urgence de manière automatique.

Pour traiter les blessés, ils mettent en place un poste médical avancé (PMA), dont la gestion est confiée au médecin le plus expérimenté. Après avoir réquisitionné un des quais de la gare, il y délimite quatre zones : une première pour les UA, les urgences absolues, les blessés très graves qui sont dirigés vers un service de réanimation. Comme on est en sous-sol, l’emplacement doit impérativement avoir un dégagement vers l’extérieur pour permettre des évacuations rapides. Une deuxième zone est réservée aux UR, les urgences relatives, les blessés légers dont l’état ne nécessite qu’un simple passage aux urgences. Une troisième accueille tous ceux qui ont assisté à la catastrophe, les fameux « blessés psychiques » bien connus des militaires. Ils ne sont pas blessés physiquement, mais ils ont vu et ils sont dans un état qui immobilise leur esprit, une sorte d’« arrêt sur image ». Les sauveteurs non plus ne sont pas à l’abri de ces blessures psychiques. Les cellules d’urgence médico-psychologique (les CUMP) n’existent pas encore. Et enfin, la quatrième zone, un peu isolée, est réservée aux personnes décédées.

Ce qui est fascinant dans ce genre d’événement, c’est l’intense et rapide mobilisation de tous les hôpitaux.



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